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mardi 14 avril 2009

Souvenir d'enfance

Pousses de houblon et œufs mimosa à l’égopodeLes œufs mimosa, c’était un de mes petits plaisirs quand j’étais gamin. Quand ma mère nous faisait des œufs durs, chacun les préparait à sa manière. De mon coté, je commençais bien entendu par ôter patiemment la coquille. Après avoir retiré les jaunes, je les mélangeais avec un peu de mayonnaise, puis les replaçait dans les blancs avant de gober le tout. Pas plus d'une bouchée par moitié ! C’était beaucoup plus ludique que de simples œufs durs et surtout moins sec. Depuis, j’en fais beaucoup plus rarement.
Pourquoi ce souvenir précis m'est-il revenu ? Je n'en sais rien, mais ça m'a donné des idées. Comme j’ai vieilli et que mes goûts d’adulte se sont complexifiés, je ne peux plus me contenter d’une telle simplicité. Mes nouveaux œufs mimosa seront donc un peu plus recherchés. Ca tombe bien, j’ai à ma disposition une récolte sauvage intéressante : égopode, ail sauvage ("ciboulette") et pousses de houblon. L’égopode et la ciboulette, ce sera pour la farce alors que les pousses de houblon feront un accompagnement de choix, à la façon des asperges.

Le houblon est surtout connu pour ses cônes qu'on utilise pour parfumer la bière. Avant que ceux-ci n'apparaissent, on le reconnait grâce à ses « feuilles de vigne » rêches. C’est lorsque que ses pousses sortent à peine de terre (on les appelle alors les « jets ») qu’elles sont les meilleures. Elles ne sont pas encore teintées par la chlorophylle, un peu comme celles des haricots mungo (appelées à tort « pousses de soja »).

Il est difficile de pouvoir le cueillir du houblon sauvage à ce stade : outre le risque de confusion, il faut déjà pouvoir le trouver. On se contentera donc de pointes de houblon plus avancées. A ce stade, on le repère beaucoup plus facilement, entortillé autour des branches environnantes, voire autour de ses congénères.

Houblon

EgodpodeL’égopode, c’est le moment idéal pour le cueillir. Les jeunes pousses, tendres et gouteuses, peuvent être utilisées à la place du persil dans beaucoup de plats. Je n’arrive pas à trouver de description pour leur saveur, mais elles peuvent complètement renouveler une recette. Un avantage non négligeable de cette « mauvaise herbe » : elle pousse rarement seule, la cueillette est donc très rapide !


C’est donc parti pour la recette :

Pousses de houblon et œufs mimosa à l’égopode

Ingrédients (pour 4) :

  • 30g de feuilles d’égopode
  • 30g de ciboulette
  • 40 pousses de houblon
  • 6 œufs
  • Pour la mayonnaise : 1 jaune d’œuf, une cuillère à soupe de moutarde, une cuillère à soupe de vinaigre, de l’huile de colza, du sel et du poivre

Préparation de la mayonnaise (voici ma méthode, 100% de réussite jusqu’à présent, à condition d’avoir un bon fouet) :

  • Placer le jaune d’œuf au fond d’un bol avec la moutarde
  • Verser un volume équivalent d’huile
  • Fouetter vigoureusement jusqu’à homogénéité (pour l’instant, l’émulsion reste liquide)
  • Rajouter le vinaigre, le sel et le poivre
  • Par cycles, rajouter un peu d’huile (3 ou 4 cuillères à soupe à chaque fois) et fouetter vigoureusement
  • Un seul jaune d’œuf permet de faire plusieurs litres de mayonnaise, largement de quoi faire pour notre recette !
Pousses de houblon et œufs mimosa à l’égopode

Préparation du plat :

  • Laver abondamment les plantes sauvages
  • Cuire les pointes de houblon 5 minutes dans un panier vapeur puis les réserver
  • Placer les œufs directement dans une casserole avec de l’eau froide vinaigrée (ça évitera qu’ils éclatent) et les cuire 15 minutes
  • Pendant ce temps, ciseler finement l’égopode et la ciboulette
  • Lorsque les œufs sont cuits, les plonger immédiatement dans de l’eau froide avant d’en retirer la coquille
  • Les couper en deux dans la longueur et récupérer les jaunes sans endommager le blanc
  • Dans un bol, écraser les jaunes, y ajouter quelques cuillères à soupe de mayonnaise, l’égopode et la ciboulette avant de mélanger
  • Replacer des portions du mélange dans les barquettes formées par les blancs
  • Dresser avec les pointes de houblon et un peu de mayonnaise

10 commentaires:

  1. Depuis quelques jours, je découvre ton blog. C'est une vraie petite merveille !
    Et ces oeufs mimosa... J'ai la ciboulette sauvage, ne me reste plus qu'à trouver du houblon et de l'égopode.
    Te lire me conforte dans mon envie de goûter davantage encore aux richesses insoupçonnées que nous offre la nature...
    Aurais-tu quelques lectures sur les sauvages comestibles à me conseiller ?

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  2. A La Belle au Blé Dormant :
    Je vois sur ton blog que tu es déjà passée à la pratique...
    Pour répondre à ta question, il y a pas mal d'ouvrages sur le sujet (tu as une liste des bouquins que j'utilise en bas du bandeau de droite). S'il n'en fallait qu'un, le choix serait problématique. Si tu disposes déjà d'une bonne flore pour te permettre d'identifier les plantes, "Déguster les plantes sauvages" (par François Couplan / Editions Sang de la Terre) est un bon ouvrage pour commencer. Il passe en revue les quatre saisons ainsi que plusieurs biotopes. Il donne aussi quelques recettes et anecdotes pour chacun des végétaux qu'il cite. Le dernier chapitre est consacré à Marc Veyrat avec quelques une de ses recettes en prime.

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  3. Ils sont beaux, les souvenirs culinaires liés à l'enfance et, souvent, ce sont des recettes très simples mais enfouies dans un coin de notre mémoire, comme tes œufs mimosa... Je viens d'en faire, au début de la semaine, avec de l'alliaire (alliara petiolata) que j'ai récoltée en abondance le we dernier, sauf que je n'ai pas fait d'œufs mimosa depuis au moins... quinze ans, je ne sais pas pourquoi tout d'un coup j'en ai eu envie ! En ce moment, c'est vraiment le bonheur pour les cueilleurs, on ne sait plus où donner de la tête, même si, avec ton précédent article sur les p'tits bébés chauds, je vais faire un peu la grimace pour retourner au bois, bien que, pour l'instant, je n'aie encore jamais subi d'inconvénient de cette sorte (il faut dire que j'y vais presque avec un scaphandre, tellement je suis niflette, et, pour rebondir sur le commentaire de Claude, dès que je rentre, c'est douche de la tête aux pieds et les vêtements dans la machine à laver ! Vade retro...

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  4. Merci pour cette réponse. Je vais fouiner dans ta bibliographie alors. J'ai emprunté L'herbier gourmand à la médiathèque, peut-être pourrais-je en trouver quelques autres...
    Pour ce qui est de la pratique, oui, je m'y suis mise, mais timidement. J'aimerais profiter avec plus d'assurance de ce que m'offrent mon jardin et la campagne alentour.

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  5. A Colibri :
    A propos des p'tites bêtes : Une fois leur rostre planté, la douche ou même un bain n'y feront rien.

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  6. c'est sauvagement rassurant, pince alors !

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  7. Je suis aussi une passionnée de plantes sauvages et depuis ce matin que j'ai découvert ton blog, je me régale. Et ça me redynamise pour reprendre la recherche et cueillette.
    J'ai un blog en veilleuse depuis plusieurs années (cuisinière en herbe)mais je vais m'y remettre.
    Actuellement j'habite à Port Camargue, à la lisière d'une plage encore nature (l'espiguette) et j'ai du temps. Mais je connais encore très peu les plantes méditerranéennes. Alors, c'est un bon moment pour démarrer.
    Par contre, je n'ai jamais réussi à "voir" le houblon, alors que j'étais dans la région grenobloise et que je pense qu'il y en a.
    Peux-tu me dire dans quelle région on peut voir la plante ? Merci et encore bravo pour ce travail

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    1. On peut voir du houblon un peu partout en France : il m'est donc difficile de te guider précisément.
      Quelques informations complémentaires pour t'aider à le repérer :
      Il aime bien l'humidité (bordures de ruisseaux, fossés) et les sols plutôt riches. Il apprécie généralement des endroits pas trop ensoleillés comme haies et taillis (qu'il partage parfois avec la clématite des haies, la bryone dioique et le tamier).
      Les jets commencent à sortir du sol au début du printemps (période de cueillette pour les pousses, le plus tôt étant le mieux) et les inflorescences apparaissent en été. Attention, les fleurs mâles et femelles sont différentes. Les plus facile à repérer sont les femelles, lorsque les châtons qu'elles constituent se sont transformés en cônes.
      En automne, la plante sèche et ne laisse plus que des torsades pendant du support qu'elle a escaladé (branches d'arbre, pylones, mur ou autres congénères). Ces entrelats regroupent parfois plus d'une dizaine de spécimens.

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    2. Bonjour

      je viens de tomber sur votre article et à ma grande surprise j'avais cru reconnaitre dans ce houblon sauvage "les riponchous" mais il semble que le nom de ceux ci ne correspondent pas. Comment faire la différence ?
      Bien à vous et merci pour ces articles

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    3. Les "riponchous", "respounchous", "reponchons" sont les pousses du tamier (dioscorea communis, syn. tamus communis). Comme le houblon, il n'est pas rare de le voir former des torsades lorsqu'il monte. Le houblon a des feuilles en forme de feuilles de vigne, elles sont couvertes de poils rêches au toucher. Le tamier (les respounchous) est glabre et a des feuilles en forme de cœur. Je vous invite à jeter un œil à ce billet qui évoque 4 lianes différentes, dont le tamier et le houblon...

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