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mercredi 19 août 2009

Mais pourquoi donc ce nom ?

Que c'était agréable de pouvoir s'allonger au frais, à l'ombre des pins, à regarder passer les nuages et ecouter le vent souffler dans les branchages. Toutes les bonnes choses ont une fin et les vacances sont maintenant terminées. Mais il me reste encore quelques munitions en réserve pour les jours à venir. On commence aujourd'hui avec un peu d'archéologie culinaire...

Dans le village où j'étais, et plus globalement dans la Drôme, il était habituel il y a encore quelques années de faire soi-même les ravioles. L'année dernière, le jour où j'ai commencé à en faire (qui plus est en utilisant des plantes sauvages), l'information a circulé assez rapidement dans le voisinage. Comme l'avait dit Mme Roux, notre voisine : "Un homme qui fait des ravioles, il fallait que je vois". C'était en effet une tache plutôt féminine. Une fois préparées, quelques curieux avaient pu y goûter. RaviolesIls semblaient avoir apprécié car du coup, certains de leurs souvenirs avaient refait surface : "Et les moines ? Tu connais aussi les moines ?".

Ma tante Jeannine est bien religieuse, mais ça ne devait pas être ça dont ils parlaient. On m'a alors expliqué que les moines, ce sont un peu comme des ravioles sans la pâte. C'est plus où moins les mêmes ingrédients, mais on en façonne des sortes de quenelles. On les poche (ou pas) puis on les prépare de diverses manières, un peu comme les quenelles. Les ménagères (n'y voyez aucun sexisme de ma part, c'est une constatation) utilisaient généralement les restes de farce après avoir préparé quelques centaines de ravioles.

L’été dernier, j'en étais plus ou moins resté là... Et puis cette année : réitération de l'expérience avec plus de 400 ravioles façonnées à la main, soit une bonne demi-journée à deux. Cette fois-ci, outre le picodon (fromage de chèvre) et les œufs, la farce était composée de chénopode bon Henri pour les 3/4 et d'égopode pour le reste. Je l'ai trouvée plus parfumée que le mélange utilisé l'an dernier.

Egopode, podagraire, herbe aux gouteux, au milieu de quelques feuilles de pétasite
 
Chénopode bon-Henri

Mais pourquoi donc s'arrêter là ? Et si on faisait des moines ? Me voilà parti à la recherche d'informations plus précises sur les proportions et d'éventuels ingrédients secrets. Mais les réponses se ressemblent toutes : "Je me souviens que ma mère en faisait. J'adorais ça... La recette ? Je ne sais pas trop, c'est que je n'en ai jamais fait moi-même". La seule piste, c'est Mme Roux qui me l'a donnée : "Ajoute à ta farce à ravioles un œuf par bol et quelques cuillères à soupe de farine".

Il me restait justement un bol de farce non utilisée...

Les moines, tentative de reconstitution d’une recette un peu oubliée

Ingrédients (pour une douzaine de moines) :

  • 400g d’herbes (dans mon cas, 300g de chénopode bon-Henri et 100g d’égopode)
  • 1 picodon mi-frais
  • 2 œufs
  • 50g de farine
  • Beurre
Les moines, tout simplement dorés dans un peu de beurre

Note : ayant de mon côté utilisé le reste de farce des ravioles, les quantités données (en particulier oeufs et herbes) sont une estimation à postériori. Quelques ajustements seront peut-être nécessaires.

Préparation :

  • Hacher finement les herbes
  • Les cuire quelques minutes au beurre jusqu’à obtenir un mélange homogène, puis réserver
  • Emietter le picodon pour l’intégrer aux herbes avec les œufs et la farine et obtenir un appareil compact
  • Laisser reposer au frais pendant quelques heures (au mieux, préparer l’appareil la veille)
  • Mettre de l’eau salée à chauffer (un petit bouillon cube ne peut pas faire de mal non plus)
  • A l’aide de 2 cuillères à soupe, constituer et plonger dans l’eau bouillante les quenelles une à une
  • En principe elles sont cuites lorsqu’elles remontent à la surface, mais je les laisse un peu plus longtemps avant de bien les égoutter

Après, c’est au choix : dorée au beurre dans une poêle, en gratin dans un peu de sauce béchamel, simplement natures éventuellement accompagnées d’une crème au roquefort. Les possibilités de manquent pas. Selon ma mère, ma grand-mère les mettait au four directement, sans même les pocher...

Avec cette préparation, le goût des plantes ressort beaucoup plus qu'avec les ravioles, et c'est bien bon ! Mais une question me turlupine... Pourquoi ça s'appelle des "moines" ?

Si quelqu'un a la réponse ...

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