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mardi 13 mars 2012

Passe moi le sel !

112 : c'était le coefficient de la marée ce samedi, l'occasion idéale pour consacrer l'intégralité du week-end à la pratique de la pêche à pied.

Le coin, c'est grâce aux vues satellite proposées par Google Maps que je l'avais repéré en me fiant à quelques indices tels que l'apport d'eau douce, les sables alluvionnaires, les nombreux rochers ainsi que la présence de bouchots à proximité. C'est fou tout ce que ce genre d'outil permet de repérer !

C'est donc en compagnie de Sothy (Obsédé culinaire notoire) et d'un de ses fils que je me suis rendu à proximité de Saint Cast le Guildo pour profiter de cette occasion rare. Rare car tous les facteurs étaient réunis pour faire le plein de coquillages tout en passant un agréable moment : le beau temps, des coefficients proches du maximum et une marée basse en plein après-midi. Il y a pire pour patienter en attendant l'arrivée massive des plantes printanières

Arrivés sur place, à la vue de la foule déjà à l’œuvre sur le sable, une chose était certaine : nous n'étions pas les seuls à avoir eu cette idée. L'avantage avec ces grands espaces, c'est que même si les pêcheurs sont très nombreux, il y a de la place et des coquillages pour tout le monde : moules, huîtres, amandes, palourdes, coques, pétoncles, bigorneaux, patelles, crépidules et même quelques praires pour ne citer que les plus connus parmi ceux que nous avons vu sur place.

J'oubliais aussi les pieds de couteaux (solen). Le trou en forme de « 8 » que ces derniers laissent dans le sable est très caractéristique et par ailleurs assez facile à repérer. Mais nul besoin de creuser ou de retourner des tonnes de sable pour en extraire cet étrange bivalve à la forme allongée. Il est en effet capable de s'enfoncer de plusieurs dizaines de centimètres en quelques secondes, rendant un telle technique de pêche totalement inefficace.

Une fois le trou repéré, et pour peu qu'on soit patient, quelques bonnes pincées de sel placées directement au niveau de l'orifice sont le meilleur moyen pour inciter le mollusque à remonter. Très timide, c'est parfois en minutes qu'il faudra attendre sa remontée.
Pour améliorer le rendement, il est donc préférable d’appâter plusieurs trous en parallèle, le principal problème étant alors de se souvenir de leurs emplacements. Quelques petits fanions à planter n'auraient pas été de trop, deux autres pots de sel aussi... Du coup, c'est à coups de « Passe moi le sel ! » que notre unique pot volait de main en main.

Et puis il y a eu une bonne surprise : une énorme bucarde à papille (acanthocardia echinata, également appelée bucarde rouge) promenant sont immense et musculeux pied rouge. Considérée comme un coquillage médiocre, elle est généralement boudée par les ramasseurs et c'est plutôt comme appâts de pêche qu'elle finit. Mais comme avec Citronvert nous somme plutôt aventureux, c'est avec une bonne quinzaine d'exemplaire que nous somme repartis, chacun avec pour but de trouver la meilleur manière de les préparer.

Voici donc ma préparation, utilisant également un peu de fenouil sauvage récolté à l'occasion de ce week-end :


Bucardes et couteaux sur fondue de poireau

Ingrédient (pour 4) :

    4 belles bucardes rouges (8cm de diamètre environ)
  • 12 beaux couteaux
  • 400g de poireau (principalement du blanc)
  • 1 petit pied de fenouil sauvage avec ses plumeaux (20g environ)
  • 50g de beurre
  • 1 belle gousse d'ail

Préparation :

    Faire dégorger quelques heures les coquillages dans de l'eau salée (ou de l'eau de mer)
  • Dans un grand faitout, verser de l'eau sur 2cm et porter à ébullition
  • Y verser les bucardes et les cuire deux minutes (elle se détachent toutes seules)
  • Récupérer immédiatement les chairs d'un côté et le jus filtré de l'autre pour les placer à refroidir
  • Faire de même avec les couteaux
  • Couper le poireau en deux dans la longueur, puis en fins lambeaux, puis en petits segments
  • Faire fondre la moitié du beurre dans un grand faitout et y verser le poireau pour le cuire à feu doux
  • Ajouter également la moitié du fenouil finement haché
  • Lorsqu'il devient trop sec, le mouiller avec un peu du jus des coquillages
  • Continuer la cuisson jusqu'à ce qui le liquide ait été bu et recommencer plusieurs fois l'opération jusqu'à ce que les poireaux soient fondant
  • Prélever les pieds des bucardes et les couper en deux dans la longueur (le reste peut être utilisé pour réaliser un fumet)
  • Découper les couteaux en 3 ou 4 morceaux
  • Chauffer le reste du beurre au fond d'une grande poêle et y passer rapidement (une minute environ) les couteaux, les pieds de bucarde, ainsi que l'ail et le fenouil restant (tous deux finement hachés)
  • Dresser un aménageant un lit de poireau et en replaçant les chairs dans des coquilles récupérées et nettoyées

Note : Faire bien attention de ne pas mettre trop de fenouil dans les poireaux car ils peuvent rapidement prendre le dessus.

Résultat : très bon coquillage, pas aussi ferme que ce à quoi je m'attendais. Globalement une très bonne découverte...

5 commentaires:

  1. Les "couteaux" : toute mon enfance dans la baie du Mont Saint Michel, Carolles et autres petites plages où nous allions pêcher... Merci de redonner vie à ces moments que je croyais éternels.

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  2. Ce sont des souvenirs d'enfance pour moi aussi. Ca se passait sur les plages d'Etables sur Mer. On y pêchait aussi les crevettes grises...

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  3. Superbe. Moi aussi toute mon enfance en Finistère Nord et bientôt, ce sera tout le mois de juillet au pays des abers. Les algues, les coquillages et crustacés...Merveilleux!

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  4. ça y et , j'ai publié ma recette, je vois qu'on a pris des directions totalement opposées!

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  5. Le moins qu'on puisse dire, c'est que vous êtes bien complémentaires, Sothy et toi, c'est d'autant plus intéressant à lire vos cuisines. Je n'étais pas fan des couteaux, ça fait lontemps que je n'en ai pas mangé, mais ta recette réveille une envie de les cuisiner... quand j'en trouverai !

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