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dimanche 12 juillet 2015

Au milieu des lavandes

Dans les hauteurs du Diois, juillet est vraiment le mois de la lavande. Ça et là, on trouve bien entendu de grands champs dont les rangées bleues bien alignées évoquent les classiques cartes postales provençales.


Mais les lavandes dont je parle ici sont sauvages et il y en a beaucoup, vraiment beaucoup. De quoi parfumer les penderies, les tiroirs et même les valises de nos vacances et bien plus encore...

Photo et recette issues d'un vieil article de 2009.
Mais c'est toujours aussi bon !
... Comme un sirop tout simple et pourtant tellement délicieux et rafraîchissant.

Ingrédients :
  • Quelques bonnes poignées de lavande (ne prendre que les fleurs et les capitules, sans la tige ; les fleurs doivent être bien ouvertes, voire légèrement fanées)
  • 1kg de sucre
  • 1,5l d’eau
Préparation :
  • Amener l’eau à ébullition et y plonger les fleurs
  • Cuire à feu très doux pendant une dizaine de minutes
  • Filtrer au chinois (bien presser les fleurs)
  • Replacer le jus sur le feu et ajouter le sucre
  • Cuire et laisser réduire pendant une heure avant d’embouteiller (bouteille(s) et entonnoir stérilisés)

Et puis avec toutes ces belles fleurs, c'est aussi l'occasion d'observer bon nombre de butineurs et quelques autres jolies petites bestioles...

Alors que nous nous sommes levés depuis peu, ce papillon nocturne commence à peine sa nuit.
J'ai beau avoir beaucoup cherché, impossible de mettre un nom sur cette boule de poil !

Avec l'arrivée du soleil et de sa chaleur, les abeilles (apis mellifera) sortent de leur torpeur nocturne pour prendre leur petit-déjeuner. 

L'apollon (parnassius apollo) quant à lui prolonge sa grasse matinée en se laissant réchauffer toutes ailes dehors. 

Avec tous ces butineurs, il ne faut pas s'étonner de trouver aussi des prédateurs. Ici, une épeire feuille de chêne (aculepeira ceropegia). Il s'agit d'un mâle qu'on reconnait à son abdomen fin et à sa plus petite taille.

Un bourdonnement grave et étouffé se fait entendre, ce sont les battements d'aile de ce colibri sphinx ou moro sphinx (macroglossum stellatarum). Son impressionnant vol lui permet de butiner à la vertical des fleurs, sans même devoir se poser. Ici, on l'appelle "ponsonelle".

La discète héspérie tâchetée (pyrgus malvae).

Région viticole oblige, il n'est pas rare de tomber sur l'éphippigère des vignes (ephippiger ephippiger). La plaque en forme de selle à l'arrière de sa tête est tout à fait caractéristique. 

Daphné ou nacré de la ronce (brenthis daphne)

Cette boule de poils blancs, noirs et jaunes, c'est bien entendu un bourdon (genre bombus).

Pas de soucis pour ce souci (colias crocea)...

Belle dame ou vanesse du chardon (vanessa cardui)

Mélitée (genre mellicta)

Moins de couleurs pour ce demi deuil (melanargia galathea) ou échiquier, qui n'en est pas moins beau...

Sliène (brintesia circe)

Une grande coronide (satyrus ferula) avec ses faux yeux, en recto comme en verso.

Héspérie (genre thymelicus), un étonnant "petit format" à la couleur rousse lumineuse.

Zygène (genre zygaena) dont on se demande toujours la première fois qu'on en voit, si c'est un papillon ou autre-chose...
Mais oui, c'est bien lépidoptère.

mercredi 8 juillet 2015

Un homard, mais pour en faire quoi ?

Parti en week-end au "frais" sur les rivages du Calvados et de la Manche, je suis revenu avec un beau homard dans la glacière que j'emporte toujours avec moi... Bon, je l'avoue, cette fois-ci, ce n'est pas moi qui l'ai pêché, mais ceux en vente au marché du port de Ouistreham étaient tellement beaux que je n'ai pas pu résister.

Homard européen (homarus gammarus) qu'on distingue facilement du homard américain à sa magnifique couleur bleutée et à son aspect général plus "élancé". J'avais péché celui-ci en 2013, mais n'ai plus eu l'occasion d'en attraper un autre depuis.
Par contre : avoir le homard, ce n'était qu'une première étape. Il me restait en effet à décider comment le préparer et avec quoi l'accompagner.

Le dernier que j'avais dégusté m'avait extrêmement déçu. C'était dans les Hamptons (état de New-York). Un homard américain (homarus americanus), à la saveur différente certes, mais en principe tout aussi bon que son cousin du vieux continent (homarus gammarus). Pourtant, là, rôti et servi avec des patates, quelques lambeaux de poivron grillé et une tasse entière de beurre nature fondu : la déception était au rendez-vous... Ni salé, même citronné, le beurre ne parvenait même pas à compenser la sécheresse de la chair trop cuite !

Avec mon homard à la belle carapace bleuté, il me fallait donc des vraies saveurs, mais surtout des saveurs qui ne masqueraient pas son parfum dans un accompagnement inadapté. Quoi de mieux pour cela que d'utiliser des plantes sauvages du littoral à ma disposition sur place. Un inventaire des alentours m'avait rapidement permis d'établir une liste des plus adaptées :
  • arroche couchée,
  • bette maritime,
  • salicorne,
  • serpolet,
  • fenouil (haut des hampes florales, ombelles encore fermées)

Le parfum anisé est un classique avec les crustacés.  Celui du fenouil, bien que puissant, ne masque pas celui du homard et au contraire le complète, tout comme les légumes d'accompagnement qui apportent chacun leur petite touche marine.

Pour la préparation :
  • Porter une grande quantité d'eau à ébullition
  • Y ajouter quelques sommités de fenouil, de l’échalote émincée, pas mal de poivre moulu et une poignée de serpolet
  • Plonger le homard pendant 5 minutes une fois l'ébullition rétablie (ajuster selon le poids, le mien faisait presque 1kg)
  • Le retirer immédiatement et à partir de ce moment, récupérer tous les fluides qui s'en échapperont
  • Retirer les pinces, les décortiquer de façon à en extraire la chair en un seul bloc et la mettre de côté
  • Faire de même avec la queue
  • Couper la tête en deux dans le sens de la longueur, retirer la poche à gravier avant de récupérer le corail et le reste des fluides
  • Faire fondre un peu de beurre au fond d'une poêle et y laisser suer un peu d'échalote hachée
  • Ajouter ensuite les feuilles d'arroche, les feuilles de bette, la salicorne (en quantité modérée car très salée) et quelques tiges tendres de fenouil (les 2 ou 3 derniers segments) débitées en fins tronçons
  • Mouiller avec un tiers des fluides récupérés du homard et cuire quelques minutes à découvert
  • Pendant ce temps, passer les morceaux de chair de homard dans une poêle bien chaude avec un peu de beurre jusqu'à ce qu'ils commencent à dorer (mais pas trop)
  • Réserver les morceaux
  • Déglacer la poêle avec un peu de vin blanc, puis les deux tiers restant des fluides du homard et quelques brun de fenouil hachés rapidement
  • Laisser un peu réduire, couper le feu, incorporer un peu de crème fraîche épaisse et récupérer cette sauce en la filtrant
  • Dresser avec quelques ombellules et feuilles de fenouil

Pour les plantes utilisées...

Arroche couchée (atriplex prostrata).
Très polymorphe, avec des faux-airs de chénopode blanc, ses feuilles ont une forme triangulaire assez typique et elles sont plus charnues. Elles sont généralement opposées sur le haut des tiges et leur pétiole est plus long. Enfin, le chénopode blanc n'apprécie pas particulièrement la salinité, alors que cette arroche s'en accommode volontiers.

Serpolet (thymus serpyllum).
Ici, le serpolet est plutôt raz, mais pas rare. Il contraste avec celui que j'ai l'habitude de cueillir dans le sud du Vercors, dont les tiges atteignent parfois une vingtaines de centimètres de haut. Mais il suffit de le sentir pour constater qu'il s'agit bien d'un thym.

Fenouil commun (foeniculum vulgare).
Ses feuilles en plumeau sont typiques et son parfum anisé l'est tout autant. Ici, les premières ombelles sont en train de s'ouvrir et les hampes florales deviennent très ligneuses. Les derniers segments restent toutefois très tendres (tant qu'il sont pleins) et ont un délicieux goût à la fois anisé et sucré. Quant-aux jeunes ombelles, c'est une merveille de puissance anisée, mais à utiliser avec parcimonie...

Fleurs de bette maritime (beta vulgaris subsp. maritima).
Celle-ci, je ne la présente même plus tellement j'en parle dans les pages de ce blog. Je rappellerai juste que ce n'est pas la saison la plus adaptée en ce moment pour en cueillir les feuilles. La plante est en fleur et on approche de la fructification (on pourra bientôt récupérer des graines).

Bette maritime (beta vulgaris subsp. maritima).
Comme c'est une plante omniprésente sur tous les littoraux français (et souvent très commune aussi), ce qui est d'autant plus appréciable que'elle est tout simplement délicieuse.

Salicorne d'Europe (salicornia europaea).
Elle pousse souvent dans les zone limoneuses des estuaires en limite de couverture des marées. La salinité du sol où s'enfoncent ses racines est très élevée et cela se ressent dans son goût. En règle général, quand on utilise de la salicorne en cuisine, le sel reste dans la salière....