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samedi 4 juin 2011

Chercher l’eau

A
 
lors que la pluie se fait toujours désirer, ça devient difficile de trouver des coins intéressants. Et quand on en trouve, les plantes sont soit toutes sèches comme avec les graminées, soit pleines de fils à un point que je n’avais jamais vu. C’est par exemple le cas de la berce et de la bardane dont les pétioles sont durs comme la pierre.

 

Heureusement, il y a encore quelques coins où l’eau ne manque pas et en plus, il n’y a pas besoin de trop s’éloigner de la région parisienne. La petite vallée où coule le Rhodon fait partie de ces coins où l’eau ne fait pas que couler paisiblement, elle suinte aussi d’un peu partout ce qui a pour effet de maintenir sur place pas mal de plantes qui apprécient la fraicheur et l’humidité.

 

Parmi celles-ci, la reine des prés qui commence tout juste à fleurir, la menthe à feuilles rondes qui diffuse son parfum mentholé sous la chaleur du soleil, la consoude qui semble partie pour une seconde pousse, le houblon dont les lianes sont maintenant trop dures, la véronique bécabunga qui a déjà perdu ses fleurs et les deux qui vont me servir pour la recette de ce billet : l’ache et le cirse maraîcher.

 

Ma première, l’ache faux cresson ou ache nodiflore (apium nodiflorum) est de la même espèce que le céleri (apium graveolens). Très odorante, d’un parfum moins agressif que celui du céleri branche, elle est aussi plus frêle et donc plus tendre. Comme le cresson dont les feuilles ont un aspect très proche (d’où « faux cresson »), elle vit les pieds dans l’eau. Mais alors que le cresson produit des grappes de fleurs blanches cruciformes, celles de l’ache se retrouvent sur des ombelles qui prennent naissance au niveau des nœuds de ses tiges (d’où « nodiflore »). Ces ombelles atypiques commencent tout juste à apparaitre sur les spécimens les plus grands qui atteignent déjà le mètre. Bien que les parties hautes n’aient probablement pas vu l’eau depuis belle lurette et qu’il y ait donc peu de chance de trouver quelques parasites aquatiques indésirables (douve), je préfère ne l’utiliser que cuite.

 

Ma seconde, le cirse maraîcher (cirsium oleraceum) est un habitué des bords de chemins qui passe difficilement inaperçu avec ses grandes feuilles allongées et découpées, supportées par une belle côte centrale. Ici, il n’a pas encore commencé à monter, mais ça ne va par tarder. En attendant, les feuilles sont bonnes à cueillir, pas pour leur vert, mais justement pour leurs grandes côtes charnues. Leur aspect rappelle un peu celui des cardons et leur goût lui aussi. Avec d’aussi grandes côtes, j’avais un peu peur de retrouver beaucoup de fils, mais bien qu’il y en ait quelques-uns, rien à voir avec la berce ou la bardane victimes de la sécheresse.

 

Sauté de cirse et ache aux crevettes

Ingrédients (pour 4) :

  • 600g de côtes de cirse maraîcher
  • 100g d’ache nodiflore (tiges et feuilles)
  • Un vingtaine de queues de crevettes décortiquées
  • 10cl de bouillon de volaille
  • 2 belles gousses d’ail
  • Huile d’olive
  • Beurre
  • Sel et poivre

Préparation :

  • Prélever les côtes du cirse, les laver et les laisser tremper dans de l’eau vinaigrée (elles ont tendance à noircir)
  • Les couper en segment d’une quinzaine de centimètres avant de les cuire une vingtaine de minute dans de l’eau salée frémissante
  • Une fois cuits, plonger les segments dans de l’eau bien froide avant de les égoutter
  • Verser de l’huile d’olive au fond d’une sauteuse, y cuire les crevettes
  • Ajouter l’ail préalablement haché, puis l’ache lavée et découpée en petits segments
  • Cuire trois minutes en remuant régulièrement puis ajouter le cirse lui aussi découpé en petits segments
  • Mouiller avec le bouillon et rajouter une noix de beurre
  • Continuer la cuisson jusqu’à ce que presque tout le liquide ait disparu

2 commentaires:

  1. Oui, cette sécheresse est rude pour la nature.
    Les fleurs en profitent, mais les plantes légumes ont de la peine à pousser, même en montagne, et leur goût s'en ressent. Du coup je les laisse tranquille ce printemps... Mais ton cirse me fait très envie.

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  2. Grande nouvelle, il a enfin plu cette nuit. Ce n'était qu'un orage mais l'eau était assez abondante (la terre est encore humide en ce début d'après midi).
    Ca ne suffira pas à rattraper le retard, mais c'est déjà ça...

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