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lundi 14 mai 2012

Hors la loi !

Bien évidement, il est impossible de partir en Bretagne et de ne pas pratiquer la pêche à pied, d'autant qu'il y a maintenant une semaine, nous étions en période de vives-eaux. Les forces d'attraction cumulées de la lune et du soleil, alors alignés par rapport à la terre ont en effet permis d'avoir des amplitudes de marée idéales sur plusieurs jours (sans toutefois atteindre celles des équinoxes).

Je le dis à chaque fois que j'en parle dans ce blog, mais il est important de se renseigner sur ce qu'il est autorisé ou non de pécher (selon la période et le lieux), les limites en quantité et en taille etc. Pourtant cette fois-ci, malgré toute la bonne volonté dont on a pu faire preuve, je dois bien avouer que nous n'avons pas été en mesure de trouver l'information nécessaire suite à une splendide découverte sur des rochers : des huîtres creuses d'une taille phénoménale et en quantité invraisemblable.

Premier constat : Les gens sur la plage ne sont pas plus au courant que moi de la réglementation sur les huîtres. Il y a bien quelques informations affichées en bordure des bungalows : Avertissement à propos des marées, des courants marins, à propos de la salubrité de l'eau, de l'invasion des algues vertes, ... mais aucune ne concerne d'éventuelles restrictions sur les espèces susceptibles d'être pêchées.

Qu'à cela ne tienne, j'ai un smartphone en main, le réseau 3G est à peu près accessible, je m'en vais à la recherche de la précieuse information dont j'ai besoin : la pêche à pied des huîtres creuses est-elle autorisée début mai dans les Côtes d'Armor ? Et si oui, sous quelles conditions ?

Le constat n'est pas plus brillant : aucune information synthétique et lisible n'est disponible sur les sites web des organismes publics à l'origine des diverses réglementations dans le domaine ou chargés de les faire respecter. La seule information qu'on trouve, c'est qu'outre une réglementation nationale sur laquelle il est difficile de mettre la main à moins d'éplucher méticuleusement le Journal Officiel (infaisable avec un smart-phone, à peine envisageable pour le commun des mortels avec un PC), chaque site est susceptible d'être soumis à une réglementation locale... histoire de simplifier les choses !

Autant donc aller voir sur les sites web des communes environnantes : et là, c'est la déception. Elles aussi semblent vouloir garder l'information secrète. Toutefois, une consigne revient souvent : contacter la mairie ou les affaires maritimes, avec parfois un numéro de téléphone à appeler. Il s'agirait donc d'une tradition orale réservée aux initiés ! Mais bien entendu, les week-ends et les jours fériées, je vous laisse deviner s'il y a quelqu'un à l'autre bout du fil !

Puisque l'information n'est pas disponible à sa source, pas encore découragé, j'ai tenté une recherche détournée en ciblant particuliers et associations ... et obtenu enfin quelques informations après avoir repoussé les limites ergonomiques de mon téléphone à la pomme, en particulier sur les tailles minimum (5 cm pour les huîtres creuses) et quantités maximum (sans restriction) réglementaires. La taille est pourtant bien le seul aspect sur lequel je ne me suis pas inquièté : 5 cm, c'est 2 à 3 fois moins que la taille moyenne que j'ai constatée dans la colonie et certains individus dépassent même les 20 cm.

Ne parvenant pas à trouver l'information, j'en ai conclu qu'il ne devait pas y avoir de période d'interdiction et c'est donc sans arrière pensée que nous avons dégusté quelques spécimens sur place et remporté d'autres avec nous : Elles sont tellement nombreuses que dans la masse, on en trouve très rapidement quelques-une moins bien accrochées que les autres, et facilement détachables à la main.

Ce n'est malheureusement qu'à la fin de ce séjour breton, lorsque je suis rentré chez moi et que j'ai enfin pu plonger plus profondément dans mes recherche avec un vrai ordinateur que j'ai constaté que nous avions finalement été des hors-la-loi (cf ce tableau) : car dans les Côtes d'Armor, c'est un décret de 1853 (non, je n'ai pas fait de faute de frappe) qui fixe la règle !!! Celui-ci interdit la pèche des huîtres entre les 1er mai et le 31 août. Le plus absurde dans l'histoire, c'est que l'huître creuse (crassostrea gigas) est originaire du Pacifique et qu'elle n'a été introduite en France que dans la fin des années 60 (cf ce document) pour désormais proliférer un peu partout (cf ce document) !

Alors messieurs-dames des affaires maritimes, s'il vous plaît, faites un effort pour diffuser l'information, y compris les week-ends et jours fériés, et pas que l'été ! Et messieurs-dames les législateurs, pensez à faire quelques mises à jour de temps en temps !

En attendant, voici une recette préparée avec ces huîtres malencontreusement « braconnées » à l'insu de notre plein gré :

Risotto hors-la-loi aux huîtres et fenouil

Ingrédients (pour 4):

  • 8 belles huîtres creuses, de préférence pêchées dans les périodes autorisées
  • 250g de riz rond (dans notre cas, nous ne disposions que de riz basmati, mais le résultat a été tout à fait correct)
  • 1 bon verre de vin blanc sec
  • Quelques branches de fenouil et leurs plumeaux
  • Un oignon
  • Deux gousses d'ail
  • 10cl de crème fraîche
  • Huile d'olive
  • Quelques branches de poivre de mer frais (algue dont je parlerai dans un prochain article)

Préparation :

  • Ouvrir les huîtres et récupérer d'un côté les chairs, de l'autre côté l'eau qu'elles auront rendu
  • Filtrer cette eau et la réserver
  • Chauffer l'huile au fond d'une poèle
  • Y faire revenir l'oignon finement haché sans le colorer
  • Ajouter le riz et continuer la cuisson tout en remuant jusqu'à ce qu'il prenne un aspect nacré
  • Mouiller le riz à hauteur avec une partie de l'eau des huîtres et ajouter l'ail et les branches fenouil (sans leurs plumeaux) préalablement hachés
  • Continuer la cuisson tout en remuant régulièrement
  • Lorsque le riz a bu le liquide, continuer de verser du liquide par petites quantités, tout d'abord le reste de l'eau des huîtres, puis le vin blanc
  • Lorsque tout le liquide a été bu, le riz doit être cuit et croquant à cœur
  • Baisser le feu et incorporer la crème et les plumeaux de fenouil finement hachés
  • Continuer de mélanger une à deux minutes, le temps que le tout soit crémeux et couper le feu
  • Juste avant de servir, plonger 30 secondes (surtout pas plus) les chairs des huîtres dans de l'eau bouillante pour les pocher rapidement
  • Dresser et parsement le tout de quelques branches de poivre de mer

4 commentaires:

  1. Bonjour
    Je tombe par hasard sur votre blog!
    Je suis ostréicultrice dans le morbihan!
    La cassostrea gigas n'a pas de limite de taille pour la consommation. La pêche sur les rochers est autorisée si elle n'est pas pour la revente; en gros, seuls les pêcheurs à pieds ayant une licence peuvent revendre leur pêche. Le prédateur (:) ) humain du dimanche peut cueillir les huîtres pour sa consommation personnelle, à condition express bien sûr, que ces huîtres ne soient pas sur des parcs!
    Il lui faut néanmoins vérifier qu'aucun virus ou pathogène ne traîne dans le coin, avec le réseau de surveillance d'Ifremer, transféré aux aff mar et au préfet qui interdit ponctuellement la pêche de loisir quand c'est le cas. Alors il y a parution au moins par voie de presse.
    Si la pêche est interdite entre le 1er mai et le 31 août, les mois sans R, vous remarquerez, c'est parce qu'avec l'élévation de la température de l'eau, l'huître entre en reproduction... elle est plus fragile, et devient laiteuse (surtout juin/juillet et même août quand elle n'a pas subi le choc thermique qui la fera délaiter) avant de larguer ovules et gamètes dans l'eau et se féconder (et trouver, au bout de 21 jours, un support "chimiotactile" pour se fixer et devenir du naissain).
    Bref.
    J'espère avoir un peu répondu avec ...6 ANS de retard!
    Bravo pour le partage en tout cas!
    Tifenn

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    1. Jamais trop tard pour apporter des précisions.
      Attention, je ne parlais que de limite de taille réglementaire, pas de limite de taille pour la consommation (l'huître creuse étant comestible, strico sensu, tout au long de son cycle de vie).
      A noter que depuis 2017, la pèche est désormais autorisée toute l'année (au moins dans les côtes d'Armor, mais je crois que l'arrêté couvre toute la région Bretagne). Il faut effectivement les aimer laiteuses (en beignet ou pochées, un délice). Par contre, elles restent assujetties à une taille minimale réglementaire de 5 cm ([lien]), au moins dans les Côtes d'Armor.

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  2. belle photo,je suis a coté du mt st michel et je voudrais bien savoir ou pecher ces huitres sauvages en bretagne?merci cdt

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    1. Je ne donnerai pas directement de coins. Beaucoup de lieux permettent de pêcher ce type d’huîtres en Bretagne. La côte nord de la Bretagne est particulièrement bien dotée. Il faut chercher les endroits rocheux dans la zone de marée et les eaux les plus saines possibles. Ce genre de document peut vous aider à orienter vos recherches : https://archimer.ifremer.fr/doc/00393/50393/51105.pdf

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