Pages

vendredi 8 mars 2019

Café double ... ou presque


Le « café double » du titre de cet article a été la plus belle découverte culinaire de mon voyage en Nouvelle-Zélande. Bon, en fait, il s'agit d'une plante qui n'a finalement pas grand chose à voir avec le café. Alors pourquoi ce titre ?

« Café double » est le moyen mnémotechnique que j’ai trouvé pour me souvenir du nom māori de cette plante : « kawakawa ». Son nom latin, piper excelsum, est moins amusant mais révèle qu’il s’agit d’un poivre.

Mon « café double », le « kawakawa ».
Au début, ce sont ses feuilles qui m’ont intrigué : lors d’une randonnée, j’avais remarqué de nombreux arbres buissonnants avec les feuilles en forme cœur et dont la plupart étaient mangées par des insectes façon dentelle. En regardant de plus près, certains de ces arbres portaient des fruits en épis, la plupart de couleur verte. Quelques-uns commençaient à jaunir et d’autres virant même au rouge-orangé.

Intrigué, j’ai cueilli un de ces épis rouges (tant qu’à faire, autant qu’il soit mûr). A peine saisi, celui-ci s’est écrasé entre mes doigts, me permettant de sentir une odeur très aromatique et poivrée. Il n’en fallait pas plus pour me convaincre que cette plante devait avoir un intérêt. Et c’est après pas mal de recherche sur internet que j’ai finalement trouvé son petit nom et de là, ce qu’on pouvait en faire.

« Kawakawa », piper excelsum. La sous-espèce « excelsum » est endémique à la Nouvelle-Zélande alors que la sous-espèce « psittacorum » se trouve sur quelques îles du Pacific plus au nord.

Le « kawakawa » fait partie de la pharmacopée traditionnelle māori. Ses feuilles et ses racines sont utilisées en infusion pour traiter les problèmes de vessie, les furoncles, les ecchymoses, pour soulager la douleur ou les maux de dents, ou comme tonique général. A noter que les māori pensent que les feuilles ayant le plus de trous d’insectes sont celles possédant le plus de principes actifs.

Mais le « kawakawa » est aussi une plante comestible très parfumée. Les fruits le sont beaucoup plus, mais les feuilles se défendent pas mal aussi. On retrouve un peu les mêmes arômes que dans le poivre vert frais, en moins agressif et avec un côté peut être un peu plus vert, herbeux.
Personnellement, j’ai adoré goûter à cette plante et adoré ce que j’ai préparé avec. Et pourtant, comme expliqué dans un article précédent, c’était avec les moyens du bord : Plutôt que de partir dans une préparation complexe, je me suis simplement contenté de nouilles instantanées. Sur les 3 sachets d’assaisonnement qui les accompagnaient (piment, bouillon de volaille, huile aromatisée), je n’ai utilisé que le bouillon de volaille pour ne pas couvrir le goût de la plante.

Quelques feuilles émincées en fines lanières, une demi-douzaine d'épis mûrs...
Rien de plus à ajouter !

J’ai simplement émincé finement quelques feuilles et écrasé une demi-douzaine d’épis que j’ai cuit dans l’eau bouillante avec les nouilles (et le bouillon lyophilisé).

Et en plus, le rouge-orangé des épis et le vert des feuilles rendent le plat beaucoup plus appétissant.
C’était tellement bon que je m’en suis fait 3 soirs de suite !

Note : Pour avoir une idée des arômes du « kawakawa », on peut trouver dans certaines épiceries asiatiques les feuilles fraîches d'autres poivres, elles-aussi en forme de cœur. Elles sont souvent vendues sous le nom de « là-lôt » (de leur nom vietnamien), « chaplu » (de leur nom khmer) et parfois comme « bétel sauvage ». Il s'agit généralement d'une des deux espèces piper lolot et piper sarmentosum. Mais je les trouve plus amères et moins tendre. C'est sans doute la raison pour laquelle ces feuilles sont utilisées comme « emballage » comestible plutôt que comme légume.

2 commentaires:

  1. çà se trouve, chez nus, ou est-ce endémique ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. La sous-espèce "excelsum" de piper excelsum est endémique à la Nouvelle-Zélande. D'autres sous-espèces existent dans plusieurs îles du Pacific, situées plus au nord. Je vais rajouter l'info dans le billet et également ajouter une note sur un poivre dont on peut trouver les feuilles fraîches dans le commerce et qui s'approche un peu du kawakawa.

      Supprimer