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mercredi 31 juillet 2013

Un succès fou... chez les insectes

D'un côté, Lus la Croix Haute, aux limites du Dévoluy.
A droite, il doit s'agir de la Tête de Vachère, au dessus du vallon de la Jarjatte.
Devant, c'est la vallée de la Drôme, juste au dessus de Die.

De l'autre, le synclinal perché de la forêt de Saou et au loin la vallée du Rhône.
Les "3 becs", figure de proue de la forêt de Saou : Le Veyou, le Signal et Roche-Courbe
Entre les deux, c'est de Diois. Et dans les hauteurs, il y a cela :
Lavande vraie ou lavande officinale (lavandula angustifolia). Ici, on la trouve à l'état sauvage.
A cause du printemps tardif, ce n'est que maintenant qu'elle fleurit.

Et dans le coin, elle est vraiment très appréciée.
Il suffit de s'en rapprocher pour le constater...

Sylvaine (Ochlodes sylvanus).

Deux espèces différentes de zygène (genre zygaena).

Sphynx colibri (macroglossum stellatarum), qui comme l'oiseau du même nom, butine en vol stationnaire.
Ici, on l'appelle aussi ponçonnelle (mais j'ai l'impression que c'est une dénomination très locale).

Éphippigère des vignes (ephippiger ephippiger)

Un flambé (iphiclides podalirius)

Épeire feuille de chêne (aculepeira ceropegia)

Un azuré, mais lequel ? Il y en a tellement !

Un amaryllis (Pyronia tithonus) et ses faux yeux qu'on retrouve aussi sur la face supérieure de ses ailes.

D'ailleurs, moi aussi je l'aime bien la lavande.

Du coup, je commence à faire des réserves...

Pour les recettes, il faudra patienter un ou deux jours.
En attendant, je vous invite à en parcourir une déjà publiée [ici]...

jeudi 25 juillet 2013

Bientôt l'heure du départ

Bientôt l'heure du départ pour les vacances... Enfin !

Chénopode blanc (chenopodium album).
Plante de plaine, qui adore les terrains
vagues, elle est facile à identifier au
toucher : les sortes de poils blancs
sessiles situés sur le dessous de ses
feuilles les plus jeunes restent sur les
doigts et ont une texture granuleuse.
Mais j'espère bien que Sauvagement-Bon, lui, ne sera pas en congés, bien au contraire. Que les billets soient écrits et postés en direct ou qu'ils attendent patiemment mon retour pour êtres publiés, je sais déjà que dans les semaines à venir, il y aura plein de choses à raconter dans ces pages !

En attendant, il me faut faire le vide dans mon congélateur, qui lui aussi va se reposer en mon absence. Il ne me reste plus grand chose, mais parmi les quelques boites qui garnissent encore ses tiroirs, je retrouve beaucoup d'herbes sauvages (justes blanchies avant congélation, c'est le meilleurs moyen pour les conserver) : Bette maritime, chénopode bon-Henri et chénopode blanc forment le gros des réserves.

Point commun à ces trois là : elles sont toutes cousines des épinards.
Chénopode bon-Henri (chenopodium
bonus-henricus). Plante de montagne aux
feuilles triangulaires, elles aussi avec une
texture  granuleuse au dessous des plus
jeunes.

Bien que toutes ne soient pas du coin, ces belles plantes évoquent tout de suite en moi quelques unes des spécialités culinaires à base d'herbes du Dauphiné, là où je compte passer le gros de mes vacances. Je n'y suis pas encore mais déjà les ravioles, les moines et autres caillettes commencent à me faire saliver.

Les ravioles, ce sera probablement pour dans une ou deux semaine, alors que j'aurai tout le temps nécessaire pour les façonner, tranquillement, entre baignades dans la Drôme et randonnées dans le Vercors.
Bette maritime (beta vulgaris subsp.
maritima). Plante de littoral aux feuilles
charnues en fer de lance. Les feuilles les
plus basses ont souvent un long pétiole.

Les moines, si je ne veux pas mettre la charrue avant les bœufs, ce sera pour encore plus tard, car ces sortes de quenelles aux herbes sont généralement faites avec les restes non utilisés des ravioles.

Il ne me reste plus qu'à me rabattre sur la caillette (si vous ne connaissez pas, vous pouvez jeter un œil [ici])... Mais sans crépine à ma disposition, il m'est impossible de façonner ces belles boules vertes cuites au four. Cet ingrédient est en effet très important car il permet d'éviter que la préparation ne se dé-sèche trop lors de la cuisson, tout d'abord grâce à l'enveloppe formée par sa membrane, mais aussi en nourrissant la farce avec sa graisse, qui fond et rôtit progressivement avec la cuisson.

Or, trouver de la crépine au pied levé n'est pas forcément facile, à moins d'avoir un bon boucher... et à condition que celui-ci ne soit pas déjà parti en congés !

Qu'à cela ne tienne : je suis déjà parti pour remplacer les herbes utilisées traditionnellement par des sauvages (dont certaines viennent de la côte Normande), alors ce n'est pas l'absence de crépine qui va m'arrêter...

Presque-caillettes en cocottes

Ingrédients (pour 8 petites cocottes en céramique) :
Trop remplies, les petites cocottes risque de déborder (comme ici)
  • 500g d'épinards sauvages (bette maritime, chénopode blanc, chénopode bon-Henri, etc.)
  • 300g d'épaule de porc désossée
  • 300g de foie de porc
  • 150g de poitrine de porc grasse (découennée, non salée)
  • 50g de beurre
  • 3 belles branches de thym
  • Une poignée de feuilles d'égopode
  • 1 gousse d'ail
  • Sel et poivre
Préparation :
  • Blanchir les épinards sauvages (les ébouillanter 2 à 3 minutes dans de l'eau salée avant de les égoutter et de les plonger dans de l'eau glacée)
  • En former une boule et la presser pour en éliminer l'eau
  • Passer les trois quarts des viandes au hachoir et débiter le reste en petits cubes (5mm environ, ce qui permet de conserver un peu de mâche)
  • Mélanger le tout avec les herbes finement hachées, les feuilles d'égopode (finement hachées également), celles du thym (sans les branches), l'ail réduit en pulpe, le sel et le poivre (soyez généreux avec ces deux derniers).
  • Beurrer les cocottes avec un peu de beurre
  • Répartir le mélange dans les cocottes de façon à les remplir aux deux tiers
  • Déposer une belle noix de beurre au dessus de chacune
  • Couvrir les cocottes et enfourner 30 minutes à 180°C
  • A servir chaud, froid ou même réchauffé (dans ce dernier cas, les découvrir et les passer quelques minutes au four en position grill), dans leur cocotte ou démoulé (car oui, ça se démoule !)
Probablement loin d'égaler les caillettes d'Annie Bouty, "championne du monde" de caillette (que j'ai eu le privilège de rencontrer [ici]), ces petites terrines n'en sont pas moins délicieuses. Il est aussi très simple de les adapter à la région dans laquelle on est : bette maritime sur le littorale, chénopode blanc en plaine, chénopode bon-Henri en montagne, ce qui permet aussi de faire varier les saveurs. Et pour ceux qui auraient peur de se tromper de plante, pourquoi ne pas essayer avec des orties ?

Les deux autres plantes sauvages de la recette :
Egopode podagraire (egopodium podagraria).
Poussant souvent en lisière de bois frais, ses feuilles sont très parfumées. En été, la plante monte et on trouve des ombelles de fleurs blanches en haut de ses tiges. Mais il est toujours possible de trouver quelques feuilles plus jeunes et plus tendres idéales pour la cuisine.
Thym commun (thymus vulgaris).
Son odeur suffit à l'identification. On le trouve plutôt en zone méridionale sur les marnes et les collines pierreuses. La photo a été prise au printemps lorsqu'il était en fleurs. Ces dernières ont désormais disparu, mais il n'en demeure pas moins aromatique. Par ces fortes chaleurs, il est préférable de le cueillir le matin, à la fraîche, avant que la température ne fasse s'évaporer une partie de ses essences aromatiques.


mercredi 17 juillet 2013

Deux boissons à consommer avec modération

Vous souvenez vous de ma copine la marmotte ? Ça ne fait pas si longtemps que je vous l'ai présentée. Peut-être même vous rappelez-vous que sur les photos, elle grignotait une branche de fenouil des Alpes.

Cette plante, assez fréquente en moyenne montagne, est aussi connue des amateurs de fromages d'alpages pour participer au goût si particulier des bleus de Sassenage (si on reste dans le Vercors), des Saint-Nectaire (Auvergne), des Beaufort (Savoie) et de bien d'autres fromages produits avec le lait des estives.

Fenouil des Alpes (meum athamanticum).

De mon côté, quand j'ai le bonheur de tomber sur quelques belles branches, le fenouil des Alpes me sert d'aromate pour parfumer les bouillons ou agrémenter les salades. Cette fois-ci, comme j'en avais ramené pas mal, j'ai voulu tenter une nouvelle préparation : une liqueur.

Fenouil des Alpes en infusion solaire dans de l'eau de vie.

Pour la préparer, j'ai simplement rempli un grand bocal avec les branches les plus belles. Je l'ai ensuite complété à raz avec une eau de vie titrant environ 50% d'alcool, puis placé (refermé) dans un endroit bien exposé pour une infusion solaire de quelques jours. J'ai finalement filtré le liquide, puis l'ai mélangé avec un peu de sucre avant de l'embouteiller (avec deux ou trois branches entières pour la déco).
Le résultat, délicieusement parfumé, était tout à fait à la hauteur de mes espérances.

Fenouil commun (foeniculum vulgare), très fréquent sur les littoraux français.

Content de ce succès, depuis mon retour du Vercors, j'attendais impatiemment de tomber sur des pieds de fenouil commun pour tenter la même chose avec une plante un peu plus facile à trouver. C'est désormais chose faite après un passage sur les côtes de la Manche où la plante est très fréquente.

Le fenouil commun (foeniculum vulgare) est sur le point de déployer ses ombelles de fleurs. Elles seront ensuite remplacées par des graines très parfumées. Elles-aussi peuvent être utilisées pour la liqueur. En attendant qu'elles arrivent, c'est le haut des tiges de j'ai utilisé, coupées en deux dans leur longueur pour faciliter la libération de leurs parfums.

Cette nouvelle versions a elle-aussi un parfum très agréable et la comparaison des deux est très intéressante. La version maritime va plutôt chercher dans les saveurs anisées, très rafraîchissantes, alors que la version montagnarde, de son côté, présente des arômes plus complexes dans lesquels on retrouve l'anis, mais aussi et surtout le céleri. A boire, c'est étonnant, mais carrément bon !

Dans un cas comme dans l'autre, je préfère les allonger avec un peu d'eau fraîche. Le degré alcoolique en est réduit, mais le parfum, lui, reste très présent. Mais même allongé, c'est toujours à consommer avec modération.

vendredi 12 juillet 2013

Balade nature entre le Diois et les hauts plateaux du Vercors

En bas, dans le Diois, les graminées sont maintenant sèches. Les épis dépouillés de leurs graines ne font plus que capturer la lumière.

Malgré la chaleur et le temps plus sec, l'orchis bouc (himantoglossum hircinum) résiste encore.

Dans les marnes, les ombelles du laser odorant (laserpitium gallicum) sont encore en fleurs, mais plus pour longtemps.

La montée vers les plateaux commence et le serpolet (thymus serpyllum) est partout sur les pentes ensoleillées.


Au pied des rochers, on trouve de temps en temps le feuillage argenté de l'absinthe (artemisia absinthium)

La montée réserve aussi quelques surprises... Si vous cherchez à observer le vautour fauve, il vaut mieux éviter de lever la tête trop longtemps !

Lorsque le chemin passe à l'ombre, sous les arbres, le cerfeuil des bois (anthriscus sylvestris) est un peu partout...

... et le gaillet a feuilles rondes (galium rotundifolium) forme de beaux parterres constellés de minuscules étoiles à quatre branches.

Moins discret, ne serait-ce que par son odeur, l'ail des ours (allium ursinum) n'a plus désormais que des feuilles flétries et jaunies. De ses belles fleurs blanches, il ne reste plus que quelques capsules prêtes à libérer leurs graines.

A la recherche de la fraîcheur, le laser à feuilles larges (laserpitium latifolium) commence tout juste à déployer ses ombelles.

Encore plus haut, au milieu des prairies rocailleuses, le laser siler (laserpitium siler) est en avance de quelques jours sur son cousin des bois.

Non loin, la rhinanthe crête de coq (rhinanthus alectorolophus) pare de jaune la lisière de la forêt.

A côté, les petites fleurs du myosotis des champs (myosotis arvensis) sont presque invisibles.

Ce n'est pas le cas des sabots de Vénus (cypripedium calceolus) dont la couleur et la taille attirent immanquablement le regard.

Au dessus, les cônes mâles des pins à crochets (pinus uncinata) sont arrivés à maturité. Il leur suffit d'une bonne rafale de vent (ou d'un coup de bâton) pour  libérer un véritable nuage de pollen.

Mais continuons donc l'ascension le long de ce chemin bordé de bleu...

... celui des nombreux bouquets de calament des Alpes (clinopodium alpinum)...

... celui de la raiponce globulaire (phyteuma orbiculare).

... celui du lin d'Autriche (linum austriacum)

...celui du polygala des Alpes (polygala alpestris)

...celui de la gentiane acaule (gentiana acaulis)

... celui des globulaires naines (flobularia repens)

... ou celui des bleuets des montagnes (centaurea montana).


Mais le bleu n'est pas la seule couleur et cet autre lin aux fleurs blanches (linum suffruticosum) est là pour nous le rappeler.

Pédiculaire arquée (pedicularis gyroflexa)

Joubarbe à toile d'araignée (sempervivum arachnoideum)

Orchis moucheron (gymnadenia conopsea)

Lis de Saint-Bruno (paradisea liliastrum)

Lis martagon (lilium martagon) aux fleurs encore en boutons (d'ici une quelques jours, elles seront toutes ouvertes)


Anthyllide des montagnes (anthyllis montana)

Tout à coup, un mouvement attire l'attention : au fond d'une doline en entonnoir,  une marmotte grignote une branche...

... une branche de fenouil des alpes (meum athamanticum), délicieusement parfumée.

Arrivée à satiété ou peut-être tout simplement parce qu'elle nous trouve trop proches, la voilà déjà qui part...

... nous laissant lever le regard vers un splendide paysage avec le mont Aiguille en ligne de mire...

... avant de replonger dans l'observation des plantes, comme ce tapis d'alchémille des Alpes (alchemilla alpina) en fleurs

Aster des Alpes (aster alpinus)

Gentiane jaune (gentiana lutea)

Vératre (veratrum) dont les feuilles sont à l'origines de tragiques confusions avec la gentiane jaune.


Orchis vanille (gymnadenia nigra)

Orchis globuleux (traunsteinera globosa)

Orchis moucheron (gymnadenia conopsea)

Orchis à deux feuilles (platanthera bifolia)

Qu'il est beau mon Dauphiné !