jeudi 3 février 2011

Empilage

Le froid était de retour ce week-end, mais avec lui, un temps sec et dégagé. Avec une marée basse en début d’après-midi, et malgré un faible coefficient, il y avait de quoi faire ses provisions pour peu qu’on ne soit pas frileux.

Avec une température dans l’air proche de zéro, et tout juste quelques degrés de plus dans l’eau, il ne fallait pas craindre le froid ! Et même si les bottes protègeaient les pieds, les mains, elles, devaient se mouiller pour ramasser moules, bigorneaux et crépidules.

C’était d’ailleurs la première fois que je trouvais autant de ces dernières.

Les crépidules (crepidila fornicata) sont des mollusques dotés d’un muscle « ventouse », un peu comme les patelles (chapeaux chinois), qui leur permet de se coller aux surfaces lisses. C’est de cette manière qu’elles ont débarqué sur nos côtes, voyageant collées aux coques des navires venant d’Amérique. Envahissantes et considérées comme nuisibles, elles ont pourtant de quoi susciter, si ce n’est l’intérêt, au moins la curiosité :

Grégaires (pour ne pas dire plus) : elles forment d’étranges empilages en spirale dans lesquels on peut parfois en compter plus d’une dizaine de spécimens.

Transsexuelles : tout d’abord mâles, les coquillages changent de sexe avec l’âge. Conséquence : les femelles, plus vieilles, se trouve dans le bas des empilages, chevauchées par des hermaphrodites, eux-même chevauchés par des mâles.

Incomprises : En lisant les lignes précédentes, on pourrait se dire qu’elles méritent leur qualificatif de « fornicata » et pourtant... La fécondation des femelles est faite par des mâles errants, avant qu’ils ne viennent se coller aux piles.

Comestibles : Ce sont même de très bons coquillages (point de vue tout à fait personnel). Bien plus tendres que les patelles, ils ont un goût iodé qu’on pourrait comparer à celui des moules, en plus fin.

Pratiques : L’avantage de ces empilages, c’est qu’on ne se baisse jamais pour un seul coquillage. Le ramassage peut donc aller très vite si on a le « bonheur » de trouver un coin infesté !

Bouchées de crépidules sur lit de céleri

Ingrédients (pour une douzaine de bouchées) :

  • Une cinquantaine de belles crépidules
  • 300g de céleri rave pelé, lavé
  • 100g de pomme de terre, pelée, lavée
  • 20g de beurre
  • Une douzaine de jeunes feuilles de moutarde
  • Graines de sésame noir

Préparation :

  • Découper le céleri et la pomme de terre en tous petits cubes et les placer dans une casserole
  • Verser de l’eau à mi-hauteur, ajouter un peu de sel et placer sur le feu
  • Lorsque l’eau frémit, baisser le feu, couvrir et cuire doucement pendant 20 minutes
  • Couper le feu, incorporer le beurre, mixer et réserver
  • Blanchir les feuilles de moutarde et les réserver
  • Laver et brosser les crépidules avant de les plonger dans 1 litre d’eau bouillante pendant 2 bonnes minutes
  • Egoutter immédiatement et plonger dans de l’eau froide
  • Prélever les chairs et prenant soin de séparer le pied du reste
  • Dresser les bouchées en commençant par un peu de purée, une feuille de moutarde et les pieds de crépidule pour finir en saupoudrant avec quelques graines de sésame

Note : Plutôt que de jeter les restes de crépidule, on peut les utiliser pour réaliser bouillon de fruits de mer très parfumé.

Ah, et puis pour finir, une petite devinette dont je n'ai pas la réponse...
Quelqu’un serait-il en mesure d’identifier ces œufs découverts sur la face inférieure d’un rocher, côtoyant une dizaine de petits buccins. Malgré cette proximité, je ne pense pas qu’il s’agissait des heureux parents.
Pour donner une idée de l'échelle, la taille de ces petits OMNI (objets marins non identifiés) tournait entre 5mm et 1cm.
?

9 commentaires:

  1. Bonjour!
    Je pense que ce sont des ascidiacés.
    Il en existe de différentes formes.
    Rechercher photos par google.
    Et merci pour la recette des crépidules!

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  2. J'ai vraiment envie de goûter les crépidules mais tu connais ma voracité, elles risquent de disparaître!

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  3. C'est très bons les crépidules, les industriles s'y intéressent de près, si ce n'est encore la difficulté de les décortiquer,ils sont en train de mettre au point une machine pour ce faire ! Pour les oeufs, je ne pense pas que ce soient des oeufs de buccin car ceux-ci se présentent plutôt en amas granuleux de petites soucoupes... J'ignore si ta grappe était attachée au rocher lui-même ou échouée là... car il arrive que la marée ramène du large des oeufs de poissons genre roussette (ça y ressemble, "allongés et enroulés sur eux-mêmes"), ou des oeufs de seiche ("petites masses ovales rassemblées en grappe et normalement fixée sur une algue arrachée par la houle au rocher"). En tous cas, ces deux sortes d'oeufs sont condamnés et on peut les récolter, il paraît que c'est très bons...

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  4. Thérèse :
    C'est une possibilité effectivement, mais je n'ai trouvé aucune ascidie qui y ressemble vraiment.

    CitronVert :
    Je pense que certains mityliculteurs seraient même prêts à te payer pour que tu les en débarasse !

    Colibri :
    Ces formes tubulaires étaient collées sur le dessous d'un rocher en zone médiolittoral. Pour te donner une idée de l'échelle, elle faisaient entre 5mm et 1cm.
    Au vu des photos trouvées sur internet, je ne pense pas qu'il s'agisse ni d'oeufs de roussette (il leur manquerait une paire de filaments), ni d'oeufs de seiche (noirs selon ce que j'ai lu).

    Bon, au final, toujours aucune certitude car entre les oeufs et les ascidies mon coeur balance. Dans un cas comme dans l'autre, je n'ai rien trouvé qui y ressemble vraiment, ni dans mes bouquin, ni sur internet. La question reste donc ouverte !

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  5. Après recherche plus approfondie, ça pourrait être des eufs de patelle...

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  6. Ca y est, j'ai trouvé !!!
    Désolé Thérèse, il ne s'agit finalement pas d'ascidies. Merci à toi quand même car en cherchant à creuser le sujet, ça m'a permis de faire connaissance avec ces étranges petites bêtes.
    Désolé aussi Colibri, ce ne sont pas non plus des oeufs de patelles.
    Il s'agit pourtant bien d'oeufs et plus précisément de capsules ovigères de pourpres (nucella lapillus).
    C'étaient donc bien les parents qui côtoyaient leurs oeufs, et non ce que j'avais pris pour des buccins.
    Quelques photos où ont voit les deux ensemble : [1], [2], [3].

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  7. Trouvé, très bien! et cela rejoint un de mes rêves d'enfant (Bretonne d'Armor): colorer ma robe en pourpre à l'aide des "pourpres" en question. Jamais découvert le technique!
    Bonne journée Nicolas!

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  8. Effectivement, ce sont bien des pourpres. Un autre site montre des photos qui ressemblent aux tiennes :
    http://doris.ffessm.fr/fiche2.asp?fiche_numero=1359

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  9. Bien vu. Et en plus, la base de données DORIS a l'air vraiment intéressante...

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