vendredi 15 août 2014

Dans les sous-bois

Initialement partis pour cueillir des framboises sauvages, nous avons été très déçus de constater que très peu étaient mûres et que celles qui étaient vertes étaient très petites... Cette année se fera donc pour moi sans framboise (plus précisément sans framboise sauvage), mais d'autres petits fruits sont là pour me faire oublier ce désagrément...

Myrtille (vaccinium myrtillus).
Pas aussi nombreuse que je l'espérais, il y en a quand même suffisamment pour que cela vaille le coup de se pencher et de remplir une ou deux boites.

Fraise des bois (fragaria vesca).
En général, à cette époque, il ne reste plus que quelques fruits, mais cette année, elles sont encore nombreuses et semblent encore vouloir durer.... tant mieux !

Et puis il y a aussi lui :

Calament à longues fleurs (calamintha grandiflora syn. clinopodium grandiflorum).
Le "thé de l'Aubrac" a un délicat parfum mentholé au goût très rafraîchissant. Ma préparation préférée : une bonne poignée de feuilles séchées, 5 minutes d'infusion dans de l'eau chaude, filtrage, embouteillage avec une cuillère à soupe de sucre par litre, refroidissement quelques heures au réfrigérateur avant de servir très frais... un délice !

Mais aussi quelques belles empoisonnées :

Grande astrance (astrantia major).
Fréquentant les mêmes lieux, elle n'est pas comestible : elle est même toxique. Mais sa beauté mérite bien une photo !

Aconit napel (aconitum napellus).
Le casque de Jupiter (autre nom de cet aconit à cause de la forme de ses fleurs) mérite lui aussi une photo, histoire de rappeler son extrême toxicité. 

Je vous présente aussi cette bestiole qui nous a fait une petite frayeur au moment où nous repartions : L'impressionnant aiguillon situé à l'arrière de son abdomen a de quoi intimider quand elle se pose sur votre cou et qu'on ne sait pas encore qu'il s'agit d'un organe de ponte et pas d'un dard !

Xeris spectrum (je ne lui ai pas trouvé de nom français).
Son impressionnant "aiguillon" est une enveloppe pour pour son ovipositeur, d'une longueur équivalente, mais beaucoup plus fin. Ce dernier lui sert à placer ses œufs dans le bois dont les larves se nourissent. 

Et pour finir, une idée d'utilisation des fraises et myrtilles longuement récoltées (c'est sans doute le seul inconvénient de ces fruits)...

Crumble fraise-myrtille


Ingrédients (pour un grand plat à gratin) :
  • 200g de beurre froid découpé en petits cubes
  • 200g de sucre
  • 200g de farine
  • 1,5 litre de fruits
Préparation :
  • Mélanger à la main beurre, sucre et farine jusqu'à obtenir un appareil à peu près homogène (minimiser les manipulations pour que le mélange reste froid)
  • Répartir les fruits au fond d'un plat à gratin préalablement chemisé au beurre et au sucre
  • Parsemer au dessus l'appareil à crumble en petits éclats (pour ce faire, je gratte le pâton avec une fourchette)
  • Enfourner à 200°C jusqu'à ce que le crumble soit bien coloré
  • Peut se déguster froid, mais c'est délicieux encore tiède avec une boule de glace à la vanille


6 commentaires:

  1. Salut, manges-tu ces baies crues ou tu les cuis forcément en pensant à l'échinococcose ?
    Après tes balades en forêt, tu vérifies systématiquement que tu n'as pas de tiques ?
    Je suis un brin parano... En tout cas, ton crumble fais envie !!!

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    Réponses
    1. Tout d'abord, en ce qui concerne les tiques :

      Lorsque je fréquente des sites à risques, je privilégie des vêtements couvrant : chaussettes hautes, pantalon plutôt que short, manches longues, casquette ou chapeau et globalement des vêtement de couleur claire pour mieux les voir.

      Dans tous les cas, de retour à la maison, c'est revue corporelle systématique intégrale (à refaire si on réutilise les mêmes vêtements avant de les avoir laver).

      Malgré ces précautions, tous les ans, quelques tiques réussissent à se faufiler entre mes vêtements. Pour minimiser les risques de contamination par diverses infections dont ils peuvent être le vecteur (comme la très connue borréliose de Lyme ou encore la tularémie), je les retire aussitôt que possible.
      Pour cela, j'utilise un "tire-tique". C'est une sorte de mini pied-de-biche qui peut s'acheter en pharmacie. Il permet de les extraire en douceur, sans les comprimer. Ce n'est pas le cas de l'extraction à la pince à épiler qui a pour effet de compresser le corps de la tique et de lui faire régurgiter ce que contient son système digestif, avec comme conséquence l'expulsion sous la peau du cocktail bactériologique qu'il contient. A noter que la méthode d'extraction a l'éther semble aussi avoir le même effet de régurgitation.
      L'extraction au tire tique permet aussi de minimiser les risques de laisser un morceau du rostre de la tique sous la peau.
      Bien entendu, après l'extraction, il ne faut pas oublier de passer un peu de désinfectant.

      Il est généralement admis que si le retrait complet (et propre) de la tique est effectué dans dans les 24 heures suivant la piqûre, les risques de contamination sont extrêmement faibles.

      Pour le reste (diagnostic d'infection, traitement, etc.), il y a pas mal de ressources sur internet (comme ici par exemple : http://www.ameli-sante.fr/morsures-de-tiques/la-conduite-a-tenir-en-cas-de-morsure-de-tique.html).

      Mais surtout, évite les forums, on y lit un peu de tout et surtout beaucoup de n'importe quoi...

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    2. Merci de ta réponse. Je fais comme toi, il faut s'inspecter après chaque balade en forêt... C'est les principaux sites à risques non ? Et j’utilise le tire-tiques en le tournant dans le sens inverse des aiguilles d'une montre.
      Tu n'as pas répondu sur l'échinoccose.
      Quand j'étais petit (j'ai la quarantaine) je mangeais et cueillais des myrtilles avec mes parents, sans toutes ses craintes... ah nostalgie...

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    3. Ensuite, en ce qui concerne la "maladie du renard" :

      Pour la recette de ce billet, le crumble est cuit, donc si on se passe de baies crues en accompagnement, il n'y a aucun risque.
      Ensuite, la contamination se faisant par les excréments, la récolte des baies à plus d'1m (framboises, prunelles, mûre par exemple) ne pose pas de problème non plus.

      Pour le reste... voici un extrait d'une réponse envoyée à une lectrice il y a 2 ans, suite à une question similaire à propos de l'ail des ours. Mais comme les commentaires sur le blog sont limités en taille, je suis obligé de couper l'extrait en 2.

      Première partie :

      La cuisson est en effet une précaution permettant de se prémunir des risques d'infection parasitaire (échinocoque, douve du foie et autres hôtes indésirables du même type).
      Toutefois, bien que manger des plantes sauvages crues n'est pas 100% sans risque, une analyse des données sur le sujet est nécessaire pour pouvoir évaluer quel est ce risque.

      Je vais donc essayer de vous présenter les choses telles que je les vois, sans pour autant chercher à vous convaincre. En effet, dans ce domaine, ça devient souvent une histoire de conviction personnelle et lorsqu'on se force à essayer, tout en ayant peur de le faire, il est impossible d'apprécier ce qu'on a dans la bouche.

      Tout d'abord ce que je fais :

      Afin de minimiser les risques, je ne consomme jamais (ni crues, ni cuites) les plantes et baies :

      poussant à proximité d'exploitations agricoles ou de pâtures (en terrain pentu, j'évite particulièrement les zones situées en aval à cause des contaminations par ruissellement)
      poussant en milieu urbain (déjections canines, pollution etc.)
      près desquels j'aurais repéré des excréments (à noter que les oeufs d'échinocoque ne sont pas présent dans l'urine, contrairement aux idées reçues)

      J'évite aussi de manger crues les plantes et baies :

      lorsque je les glane dans des régions réputées infectées (échinococcose = Massif-Central, Franche-Comté, et quelques autres)
      lorsqu'elles poussent dans l'eau (cresson par exemple) ou en terrain très humide (contamination par la douve du foie)
      lorsqu'elles sont situées en bordure immédiate de chemins,
      poussant non loin de passages de gibier (généralement identifiables par les herbes couchées, les feuilles tassées, voire les traces)

      Par ailleurs, je sépare mes sacs ou paniers de récolte de telle sorte que ce qui est consommable cru n'est jamais mélangé avec ce qui ne l'est pas.

      Bien entendu, je lave abondamment et séparément tout ce que je prépare, même si cela ne chasse pas tous les parasites (inefficace contre la douve ou l'échinococcose).


      Suite dans le prochain commentaire.

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    4. Seconde partie :

      Ensuite, quelques données intéressantes :

      Tout d'abord, il faut relativiser : en moyenne 14 cas de contamination à l'échinocoque ont été recensés par an en France entre 1982 et 2000 (la part des décès est inconnue). A titre de comparaison, chaque année, on compte une vingtaine de décès par piqûre de guêpes, abeilles ou autres hyménoptères.

      Concernant plus spécifiquement l'échinococcose alvéolaire, je vous invite à lire les informations fournies par le lien suivant : http://asso.nordnet.fr/blancfour/maladierenard.htm, qui dresse une synthèse assez complète (et je pense objective) sur le sujet. Vous pouvez aussi trouver des données intéressantes ici : http://www.msafranchecomte.fr/files/msafranchecomte/msafranchecomte_1080314371937_ECHINO_2.pdf.

      Comme vous pourrez le lire, le facteur géographique a son importance (sans pour autant être déterministe, dans un sens comme dans l'autre) et il faudra probablement être plus précautionneux dans des régions telles que le Massif Central ou la Franche-Comté qu'en en région parisienne par exemple.
      Une étude relativement récente (Risk Factors for Alveolar Echinoccocosis in Humans, Emerging Infectious Dieases, 2004) fait un bilan de quelques facteurs de risque identifiés (ci-dessous, par ordre décroissant) et évalués selon les cas recensés ces dernières années :

      être propriétaire de chiens chassant par jeu (odd ratio = 18)
      vivre dans une exploitation agricole (odd ratio = 6,4)
      être propriétaire de chiens laissés en divagation (odd ratio = 6,1)
      collecter du bois (odd ratio = 4,6)
      être agriculteur (odd ratio = 4,7)
      manger de l’herbe (odd ratio = 4,4)
      vivre à la campagne (odd ratio = 3,0)
      travailler en milieu forestier (odd ratio = 2,8)
      faire pousser des légumes (odd ratio = 2,5)
      être propriétaire de chats laissés en divagation (odd ratio = 2,3)
      manger des baies sauvages non lavées (odd ratio = 2,2)

      On peut voir que le facteur de risque "être propriétaire de chiens chassant par jeu" est environ 4 fois plus élevé que "manger de l'herbe" (ça doit pouvoir se rapprocher de "manger de l'ail des ours" cru) ou presque 9 fois plus élevé que "manger des baies sauvages non lavées". Que dire alors d'un agriculteur vivant dans son exploitation située à la campagne, propriétaire de chiens et de chats laissés en divagation et collectant son propre bois de chauffage en forêt. J'en connais plusieurs, dont certains consommant également des pissenlits sauvages et d'autres plantes du même type. Pourtant (et fort heureusement), aucun d'entre eux n'a eu de problème de ce type.

      Voilà, j'ai essayé de vous présenter les faits tels que je les vois (en espérant avoir fait preuve d'objectivité) et qui font qu'en l'état actuel des choses, je continue à déguster crues nombre de plantes sauvages.

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  2. Merci pour ces rappels, je viens de trouver près de chez moi du serpolet, ton blog est précieux.

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