lundi 12 octobre 2009

Cherchez l’erreur

J’ai récemment testé plusieurs fois les tomates dites « cœur de bœuf » de supermarché. Si je dis plusieurs fois, c’est que j’ai voulu avoir un échantillon représentatif pour être certain de ne pas me baser sur un exemplaire unique avant de conclure (serait-ce un héritage de ma formation scientifique ?).

Première impression visuelle : la version grande consommation (à gauche) ne ressemble pas à la cœur de bœuf que je connais, celle dont la forme rappelle effectivement celle d’un cœur (à droite).

A gauche, une tomate « cœur de bœuf » version supermarché. A droite, la version primeur qui a vraiment une forme de cœur

Seconde impression en les prenant en main : elles sont toutes légères alors que celles qu’il m’arrive d’acheter au marché sont très lourdes.

Un coup de couteau pour en couper une en deux, et là, grosse surprise : la tomate est remplie d’air. Comment ont-ils fait pour les vider sans les ouvrir ? À y regarder de plus près, les pépins sont bien là, mais ils ne remplissent pas le quart du volume, laissant de l’air à la place.

Une bouchée suffit pour constater l’absence quasi-totale de goût et une texture farineuse assez désagréable.

A gauche, la version hors-sol, à moitié vide. A droite, la version pleine terre, charnue et juteuse

Mais comment une tomate aussi bonne, charnue et juteuse comme la cœur de bœuf peut-elle être autant dénaturée ? S’il s’agit des mêmes variétés, la culture hors-sol doit y être pour quelque chose. Les plantes dopées à l’eau bourrée d’éléments nutritifs ont une croissance tellement rapide qu’elles n’ont même pas le temps de remplir leurs fruits !

Et que dire du prix : sous prétexte qu’il s’agit d’une espèce ancienne, elles sont vendues deux à trois fois plus chère que les tomates rondes. Quitte à acheter des tomates cultivées dans ces conditions, autant prendre les moins chères !

Pour vraiment profiter des dernières tomates de l’année, celles cultivées en pleine terre, précipitez vous au marché, regardez, renseignez-vous et comparez !

Achetez quelques cœurs de bœuf, des vraies, découpez les en rondelles généreuses, arrosez les d'un filet d'huile d'olive, ajoutez une pincée de fleur de sel et un peu de poivre... pas la peine de faire plus compliqué !

Ajout du 13/10/2009 : Après un commentaire d'Alchemille et quelques recherches sur internet, la soit-disant "cœur de bœuf" de la grande distribution pourrait être une "trèfle du Togo". Si ça se confirme, il y a carrément tromperie ! Si un lecteur ou une lectrice a plus de détails, qu'il ou elle n'hésite pas à laisser un commentaire...

9 commentaires:

  1. La tomate de gauche n'est pas une "coeur de boeuf" mais une "triffle" comme ils l'appellent aux Etats-Unis.
    C'est une variete differente.

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  2. A Alchemille :
    Si c'est effectivement ça, ça explique la différence. Et ça veut dire qu'il y a carrément tromperie sur la marchandise !
    As-tu des détails ? Je n'arrive pas à trouver d'infos sur la variété "triffle". J'ai trouvé une "trèfle du togo" dont effectivement, la forme rapelle la tomate vendue sous le nom "coeur de boeuf" par la grande distribution.

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  3. Je crois que je me suis emmelee les pinceaux avec ces noms de tomates.
    Je pense plutot que c'est une red pear, variete italienne de bonne taille, comme celle-ci:
    http://growitalian.com/Qstore/Qstore.cgi?CMD=011&PROD=000110

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  4. Ton article me rassure : les gens font tellement les gorges chaudes pour cette variété qui, effectivement, peut être délicieuse lorsqu'elle est cultivée dans les règles de l'art, mais qui est immangeable, je dis bien immangeable dans les autres cas (j'en ai vu des serres, à perte de vue en Bretagne, et ça ne va pas en s'arrangeant, de pire en pire, j'ai l'impression que les champs vont bientôt refléter le ciel partout sur... du plexiglass ! Si encore, les plants poussaient dans de la terre, mais, ainsi que tu le décris, c'est comme pour les fraises...). Quant à son coût, prohibif, c'est scandaleux. En somme, c'est à nous, consommateurs, d'être vigilants. Or, souvent, je vois les gens se jeter sur n'importe quoi, à n'importe quel prix, sous prétexte que c'est en vogue... De toute façon, pour la tomate de pleine terre (même en serre naturelle sans lumière ni chauffage artificielle), c'est plus la saison ! Les dernières tomates délicieuses (dont des coeurs de boeuf) que j'ai mangées datent de fin septembre, elles venaient du potager de ma voisine, une mamie de 90 balais, toujours à cultiver son jardin... manuellement avec des outils qu'elle a depuis des lustres !

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  5. Je n'ai pas d'info supplémentaire mais j'ai goûté des "coeurs de boeuf" ( comme celle à droite) pour la première fois cet été, et de jardin, même...ben je dois dire que ce ne sont pas celles là qui étaient les plus "goûtues"...Par contre, oui, la saison est finie et c'est bien dommage parce qu'on s'est régalés avec les tomates cet été !!

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  6. Je suis certain que la variété a une influence sur le goût, de même que la nature du sol, les conditions climatiques et je ne sais quoi encore. La culture hors sol met totalement de côté ces paramètres pour privilégier essentiellement la productivité.
    Comme le dit Colibri, tant qu'il y a du monde pour acheter "sous prétexte que c'est en vogue" ... Notre comportement de consommateur est en partie à l'origine de tout ça.
    Et le goût alors ?! Il serait peut-être temps de s'en préoccuper !
    Je ne parle même pas de l'impact environnemental dramatique que ce type de culture peut avoir comme dans le sud de l'Espagne où les excés provoquent localement des pénuries d'eau.

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  7. Le probleme du sud de l'Espagne (mis a part le climat) c'est que les terres cultivees furent, il y a longtemps sous l'ocean, et qu'il y a des remontees de sel a la surface des terres.
    Et comme il pleut deja trop peu, l'eau ne peut meme ruisseler et abreuver la terre...On se retrouve avec une croute de sel qui tue les arbres (et les autres plantes) et empeche de travailler le sol (ni meme de la nourrir).

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  8. je suis contente que tu ais fait cet article car moi aussi j'ai eu la même réflexion...jamais je n'ai "osé" comparer mais là au moins je suis fixée...ne sagirait-il pas d'une "coeur de boeuf" mutante ?
    bonne journée

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  9. A coriandre :
    J'espère que c'est seulement une histoire de mode de culture et de variété. S'il faut compter en plus avec les manipulations génétiques ...
    La sélection et les croisements "naturels" permettent d'aller déjà suffisament loin sans qu'il soit nécessaire de taper directement dans leur code génétique !

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