Marée basse entre deux averses pas loin de Bayeux... vite, je chausse mes sandales ! |
... que ce soit dans les flaques : où les algues vertes profitent de la présence permanente de l'eau et de la lumière pour croître et se développer...
Petite crevette du genre palaemon (dont font partie les bouquets). Tout autour, différentes espèces de laitues de mer (genre ulva, dont probablement ulva linza sur la photo). |
... dans les flaques encore : où quelques crevettes surprises par le retrait de l'eau, se sont réfugiées et attendent patiemment, cachées sous les algues et les cailloux, que l'eau daigne revenir.
... que ce soit sur les rochers : où troques et bigorneaux broutent tranquillement les algues, comme si les allées et venues de l'eau les indifférait.
... ou sur les rochers toujours : sur lesquels d'innombrables "chapeaux chinois" se retrouvent littéralement ventousés, eux aussi pour déguster des algues...
Sans même attendre de grandes marées (les prochaines auront lieu autour des 10 et 11 septembre), il y a déjà de quoi faire. D'autant que cela fait des années que je cherche LA recette capable d’accommoder ce mollusque tellement répandu que tout le monde connait, mais que finalement peu ont eu l'occasion de goûter.
J'ai déjà dégusté maintes fois le muscle-ventouse, cru, sur la plage, à peine le coquillage décollé de son rocher : On extrait au couteau les chairs de la coquille, puis on récupère le muscle en forme de disque.
Un premier... pas mal, le goût est léger, plutôt agréable, la chair est ferme... assez ferme... voire très ferme... mais tout à fait mangeable.
Un second... tout aussi bon.
Un troisième... pareil.
Au quatrième, on commence à se dire que ça fait beaucoup de manipulations pour un petit bout de plaisir....
Alors j'ai essayé de trouver d'autres manières de le préparer, puis de le déguster (je vous laisse explorer le blog) sans finalement trouver une manière de se débarrasser de sa texture caoutchouteuse (qui a tendance à s'accentuer avec la cuisson)... jusqu'à aujourd'hui !
Une ventouse jaunâtre avec une nuance gris-vert : c'est la patelle commune (patella vulgata). Remarquer la tête, avec sa bouche et deux antennes : on n'a pas souvent l'occasion des les voir. |
Pourquoi chercher loin quand finalement il suffisait d'écouter les gens du coins (dans mon cas, ceux pour qui ces coquillages portent le nom de "flies") pour avoir la bonne piste : un pâté.
Mais comme souvent pour les recettes traditionnelles, il existe autant de versions que de familles, alors voici ma propre version, synthèse de sources multiples et adaptation selon les produits à ma disposition...
Terrine de patelles, flies, brennigs, berniques ou autres chapeaux chinois
(rayer la mention inutile)
Ingrédients :Terrine de patelles servies avec feuilles et fleurs de diplotaxe à feuilles étroites. Le goût puissant de la plante s'équilibre bien avec les saveurs de la terrine. |
- Entre 1kg et 1,5kg de de patelles fraîches et entières
- 400g de poitrine de porc hachée
- 250g de pomme de terre
- 1 oeuf
- 1 oignon
- 1 bonne poignée de laitue de mer
- 1 verre de vin blanc
- 1 gousse d'ail
- Graines de fenouil
- Poivre de Jamaïque (a.k.a. "allspice pepper") et sel
- Un peu de beurre
Préparation :
- Bien rincer les coquillages pour en éliminer le sable et les éventuels morceaux de rocher embarqués par leur muscle-ventouse lors du ramassage
- Les plonger rapidement (30 secondes environ) dans une grande quantité d'eau salée bouillante (eau de mer si possible), les en sortir immédiatement pour les plonger dans l'eau froide
- Récupérer à la main les chairs qui maintenant se décollent facilement de la coquille
- En éliminer la tête et le fin tube digestif qui y est raccordé
- Passer la chair restante (de 400 à 500g) au blender avec l’œuf, le vin, l'oignon et l'ail préalablement émincés, ainsi que les algues bien égouttées et une cuillère à soupe rase de graines de fenouil
- Récupérer le contenu et y incorporer la poitrine hachée ainsi que la pomme de terre préalablement râpée (crue), une cuillère à café rase de poivre de Jamaïque et un peu de sel (ou plus si ce n'est pas de l'eau de mer qui a été utilisée pour ébouillanter les coquillages)
- Beurrer une grande terrine (ou plusieurs ramequins) et y répartir l'appareil
- Enfourner 45 minutes environ à 180°C (non couvert)
- Laisser ensuite refroidir tranquillement, conserver un ou deux jours au réfrigérateur avant de l'attaquer
Note :
Pour ceux que le contenu des coquillages rebute, la recette peut aussi être réalisée en n'utilisant que les muscles-ventouses. Il faudra alors presque le double de coquillages pour obtenir une terrine dont la saveur sera malgré tout un peu plus neutre.
Pour ceux que le contenu des coquillages rebute, la recette peut aussi être réalisée en n'utilisant que les muscles-ventouses. Il faudra alors presque le double de coquillages pour obtenir une terrine dont la saveur sera malgré tout un peu plus neutre.