mardi 31 mai 2011

Rencontre

C
 
e week-end passé en Franche-Comté pour cette « Seconde rencontre des cuisiniers sauvages » fut vraiment agréable.

 

L’occasion de mettre des visages sur les noms de Vincent et Amélie et de rencontrer deux personnes accueillantes, enthousiastes et bien plus encore.

 

L’occasion aussi de passer d’agréables moments avec quelques membres du jardin partagé de Battant, de l’association Tambour Battant ou tout simplement de curieux passés dans le coin par hasard...

 

Le programme avait commencé par un samedi après-midi consacré à la découverte avec Vincent pour guide, CitronVert et moi-même en tant que « consultants » en plantes comestibles. Les quelques stations de cueillette que nous avons arpentées nous ont permis de faire découvrir de nombreuses plantes et d’en récolter quelques-unes.

 

Ortie, stellaire intermédiaire, bardane, égopode, berce, aspergette, herbe aux chantres, barbarée, alliaire, pimprenelle, fraise des bois et même ail des ours ont ainsi fini dans les locaux de « Tambour Battant » ou chez deux ou trois de nos compagnons de cueillette pour être préparés… On ne peut pas dire que la préparation de la berce ou de la bardane aient été des plus agréables : avec le manque d’eau, leurs pétioles secs semblaient intégralement composés de fils qu’il a fallu ôter tant bien que mal. Pourtant, la convivialité de la soirée nous a mené jusque tard dans la nuit sans même qu’on s’en rendre compte.

 

 

Dimanche, après une courte matinée à finaliser les derniers plats, tout le monde s’est retrouvé dans le jardin partagé de Battant pour une dégustation. L’occasion aussi de répondre à quelques questions d’un journaliste et de faire un peu de promo pour mon livre.


Quelques dédicaces ... et même des groupies.

 

Au menu :

 

Quiches à la bardane, à la berce et à la stellaire, aux aspergettes, à la bette marine (ayant fait le trajet depuis la Normadie), toutes avec un peu d’égopode et ail des ours pour leur donner du peps

Salade froide d’aspergettes aux tomates

Soupe d’orties, barbarée, herbe aux chantres et ail des ours

Coulis de fraise des bois

Canapés au beurre d’haricots rouge et fleurs d’aspergettes

Rouleaux de printemps et raviolis à l’ail des ours (recettes de CitronVert)

Polenta du jardin au plantain, ortie et alliaire (recette de Vincent)

Pommes de terre Suzette et canapés aux orties (recette de Vincent)

Salade de spaghettis de mer (ceux que j’avais séché chez moi il y a quelques semaines)

Sirop de robinier (celui-là)

Pickles divers dont ceux de coquelicot préparés récemment

 

 

CitronVert et Nicolas, les deux parisiens en goguette ont eu bien du mal à prendre le chemin du retour !

 

Un grand merci à Vincent et Amélie pour leur accueil.
Un grand merci aussi à tous les participants.

jeudi 26 mai 2011

Des fleurs, encore des fleurs

C
 
a fait maintenant un bon nombre de billets que je n’ai pas publié de recette sucrée. Il faut dire que le printemps se prête plutôt au salé : les fruits, ce sera pour plus tard...

 

Malgré tout, quelques plantes se prêtent déjà au sucré, tout particulièrement celles dont les fleurs sont aromatiques. Parmi celles-ci, l’églantier (rosa canina), le sureau (sambucus nigra) et le robinier (robinia pseudoacacia) sont sans doute les plus communes.

 

L’églantier, c’est un peu ma frustration du moment. A chaque fois que j’en vois un et que j’hume ces délicieuses fragrances de rose, j’imagine déjà une crème, une gelée ou encore mieux : un sorbet. Mais pour espérer obtenir un résultat intéressant, les quantités nécessaires sont phénoménales, pas très compatibles avec un buisson couvert d’épines et dont les fleurs choisissent d’éclore les unes après les autres sur une longue période et bien entendu jamais toutes ensembles. Alors je renifle, je profite comme je peux et je cherche vainement le coin qui me permettra de remplir une grande boite de pétales.

 

Le sureau ne pose pas ce genre de problème. Ses fleurs ont beau être petites, un seul corymbe en compte plusieurs centaines. Comme tous les ans, je me prépare quelques bouteilles de sirop qui n’auront pas le temps de vieillir tellement il part vite. Il n’est pourtant pas apprécié de tout le monde. Le parfum du sureau à haute dose peut en effet rappeler le « pipi de chat ». Cette similitude avait d’ailleurs alimenté la préparation de la « 1ère rencontre des cuistos sauvages » organisée par le Parti Préhistorique. Je n’avais pas pu y participer l’an dernier, mais cette année la seconde rencontre a lieu ce week-end et je ne la louperai pas.

 

Sureau noir (sambucus nigra) à gauche, robinier faux-acacia (robinia pseudoacacia) à droite

 

Pour l’occasion, en plus de mon sirop de sureau, j’ai voulu essayer un autre sirop de fleurs : celles du robinier (faux acacia) grâce à une découverte inattendue : un coin peuplé de dizaines d’arbres dont les fleurs n’étaient pas encore fanées. Ceux-ci ont beau avoir eux aussi des épines, elles n’ont pourtant rien à voir avec celles de l’églantier : plus rares et bien droites, elles ne s’accrochent pas sournoisement aux vêtements ou pire, à la peau...

 

Sirop de fleurs de robinier

 

Ingrédients (pour un litre de sirop) :

  • 3 litres de fleurs de robinier séparées de leur grappe
  • 1 litre d’eau
  • 1 kg de sucre
  • 2 citrons non traités

 

Préparation :

  • Amener l’eau à ébullition
  • Y diluer le sucre, puis verser le jus des citrons pressés ainsi que les restes de citrons coupés en petits morceaux
  • Maintenir l’ébullition le temps que le sucre soit entièrement dissout
  • Pendant ce temps, remplir un grand récipient avec les fleurs
  • Y verser le liquide chaud : les fleurs deviennent plus compactes et peuvent être toutes immergées
  • Couvrir et laisser macérer
  • Au bout de 24 heures, filtrer et replacer le liquide dans une casserole
  • Ramener à ébullition pendant quelques minutes avant d’embouteiller immédiatement

Note : S’agissant d’une macération avec un liquide légèrement acide, il vaut mieux éviter les récipients métalliques qui risquent d’altérer l’arôme du sirop ; à moins d’apprécier les goûts ferrugineux...

 

A propos de fleurs, je n’allais pas non plus clore ce billet sans évoquer cette idée de préparation du coquelicot (papaver rhoeas) dont Cerise parle dans son blog. Agréable surprise en effet que ces pickles de boutons de coquelicots.

Attention, le coquelicot est un pavot (papaver rhoeas). Sans être comparable au pavot somnifère (papaver somniferum, celui qui produit l'opium), il contient différentes substances à faible toxicité. Il vaut donc mieux éviter d'en faire une cure de longue durée...

 

Comme pour la plupart des plantes au vinaigre que je prépare, la recette est simple : entasser les plantes dans un pot avec un peu de sel, éventuellement quelques aromates et même du sucre pour ceux qui aiment les saveurs aigres-douces. Verser à raz un mélange bouillant d’eau et de vinaigre blanc à 4% d’acidité (en général, le vinaigre blanc qu’on trouve dans le commerce est à 8%, il suffit donc de le couper avec un volume identique d’eau). Visser le couvercle immédiatement et oublier au minimum pendant quelques jours. Le liquide aura pris une belle teinte rouge et les boutons se seront attendris tout en conservant leur goût de ... coquelicot.

mardi 24 mai 2011

Une bien courte déception, le plein de provisions

T
 
emps désespérément ensoleillé, semaine mouvementée, envie de se vider l’esprit ... il n’en fallait pas plus pour partir à l’ouest chercher l’air marin.

 

Quitte à y aller, j’avais ciblé un coin qui, en plus d’offrir de belles balades côtières, permet aussi de passer non loin d’une zone de schorre que les salicornes affectionnent particulièrement. Grace à l’avance que les plantes ont cette année, je m’imaginais déjà les préparer en accompagnement de quelques poissons et j’avais même prévu d’en ramener suffisamment pour faire des conserves.

Mais voilà, la salicorne était bien là, au détail près qu'elle n’était sortie que de quelques centimètres : quelle déception !

 

Déception d’autant plus grande que la soude marine (suaeda maritima) qui fréquente les mêmes endroits, qui plus est aux mêmes périodes, était elle bien présente. Moins connue que la salicorne, de la même famille (c’est aussi celle des épinards), elle est tout autant comestible. On retrouve d’ailleurs chez elle le même type de saveur. Plus frêle que la salicorne, elle donne moins de matière et elle est un peu plus longue à trier à cause de la base ligneuse. Mais dans ces circonstances, elle faisait un très bon palliatif que je ne me suis pas privé de récolter.

Jeunes pousses de soude marine (suaeda maritima)

 

Long aussi à trier, les feuilles d’obione (halimione portulacoides) dont seules les quelques paires terminales sont exploitables. Chaque fois que j’en cueille, je me pose toujours la même question : Existe-t-il une technique permettant d’éviter d’y passer des heures ?

Obione (halimione portulacoides),
ne pas confondre avec halimione pedunculata, espèce protégée

 

Je me réjouissais également de ramener de la bette maritime (betta vulgaris, sous-espèce maritima). Chaque fois que je fais un tour sur le littoral, je ne manque jamais d’en glaner : ses grandes feuilles charnues donnent rapidement beaucoup de matière. Les côtes épaisses s’attendrissent très rapidement après quelques secondes de cuisson, et leur gout légèrement sucré est excellent. Contrairement à la salicorne, celle-ci a bien profité du soleil et a monté extrêmement vite. Comme par miracle, les plus belles des grandes feuilles se sont immédiatement retrouvées dans mon grand sac en toile.


Bette maritime (betta vulgaris, sous-espèce maritima)

 

Dans une zone plus sableuse, l’honkénie (honckenya peploides) aussi était là, formant de grands tapis ne demandant qu’à être tondus : la densité du tapis était telle qu’elle permettait d’en cueillir à grandes poignées. Car ce « pourpier de mer » est comestible. C’est même un bon comestible, tant en texture (plante succulente à la fois tendre et croquante) qu’en goût (avec une petite saveur légèrement poivrée).


Honkénie (honckenya peploides) ou pourpier de mer

 

Autre plante comestible, mais celle-ci protégée et donc à ne dévorer que des yeux : le crambe maritime (crambe maritima) ou plus simplement le choux marin. Ses belles feuilles charnues à la couleur bleu violacée ne demanderaient pourtant qu’à être cueillies... Je me demande si un jour j’aurai l’occasion d’y gouter...

Crambe maritime (crambe maritima),
comestible, mais protégée

 

Mais comme souvent lorsqu’on se retrouve à la mer, on voit aussi de belles plantes, mais pas forcément comestibles, l’occasion cette fois-ci de récolter ... des photos.

 

Jusquiame noire (hyoscyamus niger), très toxique.

 

Orobanche, mais difficile de dire laquelle.
Peut-être une orobanche grêle (orobanche gracilis).

 

Oeuf mollet sur lit d'obione et de soude maritime

 

Ingrédients (par personne) :

  • Une poignée de feuilles de soude maritime (la partie haute des tiges)
  • Une poignée de feuilles d'obione (les paires terminales pour lesquelles la branche n'est pas encore ligneuse)
  • Un oeuf
  • Une petite tomate
  • 20cl de vinaigre balsamique
  • 3 bonnes cuillères à soupe d'huile d'olive
  • 2 cuillères à soupe de sucre

 

 

Préparation

  • Plonger la soude et l'obione dans de l'eau bouillante pendant deux minutes
  • Les plonger ensuite dans de l'eau glacée, puis les égouter et réserver
  • Cuire les oeufs mollet (5 à 6 minutes dans de l'eau vinaigrée)
  • Les plonger eux aussi dans de l'eau glacée puis les écaler
  • Dans une petite casserole, amener le vinaigre à ébullition
  • Y diluer le sucre, puis ajouter l'huile d'olive
  • Laisser réduire tout en remuant régulièrement pour bien émulsionner
  • Retirer du feu avant que la réduction ne devienne trop crèmeuse et refroidir en placant le fond de la casserole dans de l'eau froide
  • Dresser en plaçant chaque oeuf et quelques tranches de tomates sur un lit de feuilles, puis verser un filet de la réduction

vendredi 20 mai 2011

Les pieds dans l’eau

A
 
utre plante qui vit les pieds dans l’eau, mais plus discrète : l’ache-faux-cresson (apium nodiflorum). Elle doit son nom à deux points communs qu’elle a avec le cresson (nasturtium officinale).

 

Le premier, c’est la forme de ses feuilles. Sans être 100% identiques, il y a tout de même une forte similitude.

 


Ache faux cresson (apium nodiflorum),
familles des apiacées
Cresson (nasturtium officinale),
famille des brassicacées

 

Le second, c’est le milieu dans lequel elle pousse : les eaux peu profondes. Il m’est d’ailleurs plusieurs fois arrivé de les voir côte à côte.

 

Pourtant, cette proche cousine du céleri (apium graveolens) n’a rien à voir avec le cresson. Il suffit de prendre une feuille entre ses doigts, de la malaxer, puis de la sentir pour s’en convaincre. L’odeur qui s’en échappe évoque l’anis, la carotte et bien entendu le céleri, bien loin de la saveur piquante du cresson qu’il partage avec la plupart des autres cousins du chou (brassicacées).

 


Ache faux cresson (apium nodiflorum) avec une ombelle très caractéristique.
Photo prise en juin dernier

 

Car l’ache-faux-cresson est une ombellifère (apiacée). Il suffit d’attendre qu’elle fleurisse pour s’en convaincre en voyant apparaitre de petites ombelles caractéristiques de la famille. Il est vrai qu’elles sont placées de manière un peu spéciale car elles prennent naissance directement au niveau des nœuds.

 

Comme avec le cresson, il vaut mieux éviter de la consommer crue afin d’éviter une contamination à la douve du foie, pouvant provoquer des troubles très graves. C’est bien dommage car son goût est réellement délicieux. La cuisson, sans le détruire, lui fait perdre en intensité. Il faut donc avoir la main un peu plus lourde...

 

Soupe des bords du ruisseau

Ingrédients (pour 4) :

  • 150g d’ache-faux-cresson (partie haute des tiges et feuilles)
  • 1 gros oignon rouge
  • 100g de carotte
  • 200g de pomme de terre
  • 50cl de bouillon de volaille
  • 50cl d’eau
  • 1 gousse d’ail
  • Huile d’olive

 

 

Préparation :

  • Emincer l’oignon et le faire revenir au faitout dans un fond d’huile d’olive
  • Verser ensuite le bouillon et l’eau préalablement chauffés, ainsi que la carotte (en très fines rondelles) et la pomme de terre (en rondelles fines, mais un peu plus épaisses)
  • Lorsqu’un léger bouillon est atteint, le maintenir pendant 5 minutes, le temps de laver l’ache à plusieurs eaux, d’en débiter les tiges en tronçons de 2 ou 3 centimètres et d’en hacher les feuilles
  • Au bout de 5 minutes, rajouter les tiges et continuer la cuisson
  • Rajouter les feuilles et l’ail haché 5 minutes après
  • Cuire encore 2 ou 3 minutes avant de couper le feu et de servir

lundi 16 mai 2011

Quenouille

La sécheresse n’a pas que des désavantages. En asséchant certaines étendues d’eau, elle rend accessibles des plantes aquatiques qui normalement demanderait une paire de cuissarde pour être atteintes. Celles auxquelles je pense tout particulièrement, ce sont les massettes (typha). Tout le monde en connait au moins les épis qui leur valent aussi le nom de quenouille.
 


Massette à larges feuilles (typha latifolia).
Photo prise en juillet dernier.

 
L’année dernière, j’avais déjà essayé d’en prendre quelques jeunes mais après un ou deux pas dans leur direction, mes pieds s’étaient retrouvés happés par un fond boueux particulièrement instable. De peur de me prendre une gamelle tête la première dans la vase, j’avais abandonné en espérant trouver plus tard quelques spécimens plus accessibles. Tel ne fut pas le cas, et l’idée de récolter ces plantes m’avait un peu passé.
 


Massette à larges feuilles (typha latifolia).
Celles-ci, je n'ai pas cherché à les prendre : un peu trop d'eau...

 
Et puis voila que tout à fait par hasard, pratiquement un an plus tard, elles se sont rappelées à moi sous la forme d’un petit étang asséché transformé en véritable champ de massette. Celles-ci étaient déjà bien avancées : trop tard donc pour tenter de prélever leur rhizome mais juste à temps pour utiliser leur base charnue.
 


Mélange de jeunes massettes à larges feuilles (typha latifolia)
et de cadavres de celles de l'années dernière.

 
Pelée en ôtant les feuilles vertes et en conservant la partie intérieure, bien blanche plus tendre et moins fibreuse, il aurait même été possible d’en déguster une telle-quelle. Mais comme il s’agissait d’un étang asséché et que le sol était encore bien humide, j’avais toujours à l’esprit les risques parasitaires comme la douve du foie. Plus fréquemment associée au cresson, elle ne lui est pourtant pas spécifique et ce genre d’endroit où les eaux stagnent (en temps normal) me semblait présenter certains risques.
 


Coeurs de massettes façon coeurs de palmier
(leur goût est d'ailleurs assez proche).

 
Pour cette raison, j’ai préféré une préparation cuite pour déguster ces cœurs de massette comme on l’aurait fait avec des cœurs de palmier (on retrouve d'ailleurs un peu le même goût). Cinq minutes dans de l’eau bouillante salée, puis un bref bain dans de l’eau glacée pour stopper la cuisson, les cœurs étaient prêts pour être dégusté en salade. Avec quelques tranches de tomate, un trait de vinaigre balsamique et un d’huile d’olive, quelques graines de sésame noir et une pincée de fleur de sel, ils ont fait une excellente salade.

vendredi 13 mai 2011

Gratiné

P
 
as beaucoup de temps en ce moment. J’ai pourtant pas mal de choses en attente qui mériteraient que j'y consacre un peu de ce précieux temps. C’est assez difficile de faire une sélection entre ce qui doit être publié, ce qui peut attendre quelques jours et ce qui va peut être devoir patienter pendant une année entière ou même carrément passer aux oubliettes. Car la période actuelle pose un problème supplémentaire : tout pousse tellement vite que si on attend trop, les recettes risquent de parler de plantes devenues hors-saison.
 

Prenez par exemple le robinier : une à deux semaines pour les boutons (à utiliser cuits en légumes comme ici), autant pour les fleurs (en beignets) et c’est terminé.

Prenez aussi les aspergettes : ici, elles ont commencé à sortir il y a deux semaines et les voila déjà qui sont sur le point de fleurir ! Il est vrai que les fleurs écloses sont elles aussi comestibles avec un petit goût piquant très intéressant, mais il n’y a guère plus qu’en décoration qu’on peut les utiliser.

Pour cette raison, je n’attendrai pas que la bardane soit trop montée pour publier ce qui suit.
 

Il s’agissait d’une sortie devenue presque traditionnelle avec Fréd et Aaron (ça fait quand même trois ans qu’on le fait à la même période de l’année). La deuxième année, ça avait même été l’occasion d’un reportage sur M6 !
 

 
A chacune de ces sorties, je leur avais parlé des aspergettes sans qu’on n’ait jamais eu l’occasion d’en trouver, soit parce que trop tôt, soit parce que trop tard. Alors cette année je leur ai proposé de se joindre à moi pour une séance de glane aussitôt que j’ai vu les premiers épis sortir de terre.
 

 
Mais ces asperges des bois n’ont pas été nos seules trouvailles, loin de là. Nos pas nous ont en effet donné l’occasion de passer à proximité de beaux plants de bardane aux feuilles immenses ou encore sous les branches de robinier et de sureau. Alors que les fleurs du premier vivaient leurs derniers jours, celles du second en étaient encore à leurs balbutiements. C’était finalement le meilleur moment pour préparer des beignets avec les deux : les fleurs du robinier donnant un maximum de leur parfum lorsqu’elles sont bien ouvertes, celles du sureau ne supportant de vieillir. Si vous cherchez une recette pour ces beignets (et bien d’autres), la meilleur solution serait de courir en librairie et de demander « Sauvagement bon, carnet d’un glaneur gourmand » aux éditions du Tétras. Une autre solution, c’est de fureter dans ce blog...
 

 
Avec la bardane, dont les grands pétioles (nom donné aux tiges portant les feuilles) peuvent être utilisés comme des cardons (on trouve d’ailleurs une certaine similitude gustative, proche de l’artichaut), nous avons simplement préparé un gratin. Bien que fait un peu à la va-vite, il a été apprécié au point que tout le monde en a repris au moins une fois...
 

Gratin de bardane

 
Ingrédients (gratin pour 4) :

  • 1kg de pétioles de bardane
  • 40g de beure
  • 40g de farine
  • 40cl de lait
  • 200g de comté
  • Sel

Préparation :

  • Frotter les pétioles de bardanes avec un chiffon pour en retirer leur duvet
  • Les laver sous l’eau et en retirer les fibres les plus dures
  • Couper les pétioles en segments de 3 à 4 cm et les plonger 10 minutes dans de l’eau salée frémissante
  • Les égoutter avant de les plonger dans de l’eau glacée pour stopper la cuisson, puis les égoutter à nouveau (attention, ceux-ci sont devenus fragiles et doivent être manipulés avec précaution)
  • Lancer le préchauffage du four à 200°C
  • Préparer une sauce Béchamel en faisant fondre le beurre au fond d’une casserole, en rajoutant la farine, en la cuisant un peu puis en rajoutant le lait sans arrêter de remuer vigoureusement avec un fouet
  • Remplir un plat à gratin avec la bardane
  • Recouvrir avec la sauce Béchamel puis avec le comté râpé et enfourner pour une quinzaine de minutes, le temps de bien gratiner

lundi 9 mai 2011

Un coucher de soleil dans une verrine

D
 
e Bretagne, j’avais ramené avec moi une bonne quantité de criste marine (crithmum maritimum). C’est une plante qui non seulement est très bonne, mais a aussi l’avantage de très bien se conserver. J’étais à la recherche d’une idée pour terminer ma petite réserve et c’est en revoyant mes photos prises la semaine dernière que l’inspiration est venue : un coucher de soleil depuis la presqu’ile de Quiberon.
 

 

La couleur orange du ciel m’a fait penser aux carottes et le coucher de soleil lui-même m’a tout de suite orienté vers une composition à deux étages dans une verrine. La carotte et la criste ont en plus l’avantage de rester dans les mêmes nuances aromatiques : La carotte au goût léger et sucré, la criste aux aromes plus puissants et complexes, presque épicés.
 

 

Coucher de soleil en verrine
ou
Rock samphire sunset

 

Ingrédient (pour 8 verrines) :

  • 150g de jeunes branches de criste marine
  • 200g de pomme de terre
  • 200g de carotte
  • 1 gousse d’ail
  • 1 cuillère à soupe de jus de citron
  • 1 cuillère à café de sauce soja
  • Quelques copeaux de parmesan
  • Sel, fleur de sel et poivre

 

Préparation :

  • Mettre à chauffer deux casseroles avec 25cl d’eau dans chacune
  • Dans la première, y placer la criste, haché, 125g de pomme de terre découpée en petits cubes, le jus de citron, la sauce soja et un tour de moulin à poivre
  • Dans la seconde, y placer la carotte et les 75g restant de pomme de terre (toutes deux également découpées en petits cubes), ainsi que la gousse d’ail (pelée, germe ôté) et une bonne pincée de sel
  • Une fois l’ébullition atteinte, cuire à couvert sur feu doux pendant 15 minutes
  • Retire du feu et mixer séparément en nettoyant le mixeur (plongeant, c’est plus pratique) entre les deux pour éviter le mélange des couleurs
  • Rectifier l’assaisonnement sans trop saler (quelques grains de fleur de sel doivent être ajoutés à la fin)
  • Verser le mélange de criste au fond des verrines (j’ai utilisé une poche à douille pour que ce soit plus net) jusqu’un peu en dessous de la moitié de la hauteur
  • Verser ensuite le mélange de carotte (nettoyer la poche à douille entre les deux encore une fois pour éviter de mélanger les couleurs)
  • Mettre au frais pendant une heure
  • Au moment de servir, ajouter sur le dessus quelques grains de fleur de sel, une rondelle de carotte à cheval sur le rebord des verrines et un copeau de parmesan

 

Note : Avantage de cette préparation : c’est 100% diététique.

samedi 7 mai 2011

Un dernier ?

A
 
h que c’était agréable ces quelques jours passés entre Morbihan et Finistère.
Alors que les plages de Quiberon avaient des airs d’été, je longeais les sentiers côtiers en profitant de ce magnifique soleil et de cette chaleur presque estivale.
 

 

Sur les dunes, la couleur jaunie des graminées faisait encore plus illusion. Mais il ne fallait pas s’y tromper : si elles étaient dans cet état, c’est qu’elles avaient soif. Malgré tout, certaines plantes ne semblaient pas être trop perturbées par la sécheresse. C’était par exemple le cas des œillets marins (armeria martima) dont le rose délavé des fleurs ponctuait la lande.
 

 

Mais ce n’était rien par rapport aux ajoncs (ulex europaeus) formant des buissons si denses qu’on avait l’impression que le sol était tapissé de fleurs jaunes. Et pourtant, le vrai sol se situait une trentaine de centimètre au dessous.

La ravenelle (raphanus raphanistrum) aussi avait su profiter du soleil. Sans former des buissons aussi denses, ses branches montaient haut et avaient de nombreux fruits comme le montrait le billet précédent.
 

 

Une autre qui semblait ne pas se soucier de l’absence d’eau, et celle-ci en plus est comestible, c’est la criste marine (crithmum maritimum). Il faut croire qu’à proximité de la mer, l’humidité ambiante lui suffit pour pousser. Ses rameaux charnus commencaient en effet à avoir une taille appréciable pour la cueillette, donnant à nouveau l'occasion de profiter de son goût salé caractéristique mélangeant carotte, fenouil et anis.
 

 

En se rapprochant du bord de l’eau, on pouvait observer un étrangle plat de nouilles géantes.
 

 

Il s’agissait tout simplement de spaghetti de mer (himanthalia elongata, également appelé haricots de mer), une algue brune dont le nom à la connotation alimentaire ne vient pas que de sa forme, mais également du fait qu’elle est comestible. Pas de grands risques de confusions avec d’autres algues. Il suffit en plus de jeter un œil à la base de ces longues lanières ramifiées (certaines de celles que j’ai pu observer dépassaient le mètre) pour voir une sorte de capsule aux faux airs de champignons.
 

 

C’est la partie végétative de l’algue de laquelle partent les lanières lorsqu’elles poussent au printemps. Et c’est le moment idéal pour passer à la récolte car si on attend trop, les lanières prennent un aspect grumeleux moins attirant (bien qu’elles soient toujours comestibles).
 

 

La « cueillette » est très rapide car une seule algue coupée au dessus de la « capsule » peut dépasser 100g. Ca m’a permis de récolter environ 5 kilos et quelques minutes. J’en ai mis de côté une partie pour les utiliser fraiches et j’ai rapidement mis à sécher le reste afin de pouvoir les utiliser dans les mois à venir. Petite détail amusant : à la cuisson, l’algue brune prend une belle couleur verte rappelant celle des haricots.

 

Sauté de spaghetti sans pâtes

Ingrédients (pour 4) :

  • 400g de spaghetti de mer
  • 4 poignées de jeunes rameaux de criste marine
  • Une trentaine d’aspergettes
  • 2 gousses d’ail
  • Huile d’olive

Préparation :

  • Blanchir 5 minutes les algues
  • Bien les égoutter avant de les découper en segments de quelques centimètres
  • Couper les queues des aspergettes en petits segments et mettre les têtes de côté
  • Hacher la criste grossièrement
  • Sur feu vif, chauffer un fond d’huile d’olive dans une poêle
  • Y jeter les algues, les queues des aspergettes, et la criste
  • Cuire le tout pendant 3 minutes
  • Ajouter ensuite les têtes des aspergettes
  • Continuer la cuisson pendant encore une bonne minute
  • Ajouter l’ail finement haché et couper le feu

Note : Ce sauté peut être dégusté seul, mais de mon côté, je l’ai utilisé pour accompagner des pavés de julienne.

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