mardi 23 novembre 2010

Quand y en a plus, y en a encore ...

Dans un de mes précédents billets, j’espérais que mes vagabondages de donneraient l’occasion de trouver matière à cuisiner, malgré le début de la période maigre. Et bien j’ai été plutôt servi en me rendant sur la côte normande. Le temps clément aidant, ce samedi a été une magnifique journée de glane.

Ca a commencé avec la moutarde noire (brassica nigra) dans ce terrain vague pas loin du parking. Chaque fois que le lieu s'y prête et que j'en trouve quelques inflorescences encore en bouton, je ne peux m'empêcher d'en cueillir.
Un peu plus loin, c'était au tour du laiteron (sonchus). Les petites rosettes à l’étonnante teinte pourpre ont rapidement laissé place à quelques mastodontes à la belle couleur vert tendre. Bien que les feuilles aux formes très découpées pourraient faire penser au pissenlit, la saveur de cette salade sauvage est plus proche de celle de la laitue vivace dont j’ai déjà parlé dans ce blog : pas d’amertume et même une saveur assez douce. Pour ces deux là d’ailleurs, l’étymologie laisse peu de doute et le lait blanc qui s’écoule des blessures est là pour confirmer l’origine de leur nom.

 
Juste à côté, les restes séchés d’épis floraux de plantain corne de cerf (plantago coronopus) surmontaient de belles rosettes bien vertes de feuilles allongées aux formes finement découpées. Avec l’été, elles étaient devenues coriaces, mais de nouvelles feuilles toutes tendres ont fait leur apparition au centre.

 
En approchant un peu plus du rivage, l’inévitable bette maritime (betta vulgaris sous-espèce maritima) était là, formant de grands bouquets de feuilles vert-sombre, prêtes à être ramassées à pleines brassées. Saines et bien développées voire carrément charnues, on peut affirmer qu’elles constituent l’un des légumes sauvage au rendement le plus élevé.

 
Dans le sable, encore plus prés de l’eau, les feuilles de l’honkénie faux pourpier (honckenya peploides) commençaient à jaunir, mais il restait encore bon nombre de belles branches bien vertes. Croquante, charnue et juteuse avec un parfum légèrement poivré, cette plante est vraiment surprenante et lorsqu’on a la chance de tomber sur un zone où elle pousse, elle forme de véritables tapis. Attention toutefois de ne pas la confondre avec les jeunes pousses de l'euphorbe maritime qui apprécie le même biotope.


Euphorbe maritime (euphorbia paralias), toxique comme toutes les euphorbes

Honkénie faux pourpier (honckenya peploides), comestible.

 
Même si je ne les ai pas cueillis, je vais quand-même évoquer ces beaux plants d'ache faux-cresson (apium nodiflorum) et de vrai cression (nasturtium officinalis) dans une étendue d'eau un peu trop proche de ce qui ressemblait à des pâtures. Le risque de contamination à la douve du foie m'a dissuadé de récolter quelques feuilles... dommage.


Ache faux cresson (apium nodiflorum) partout et vrai cresson (nasturtium officinalis) en bas à droite.

Bien que de la famile des apiacées, l'ache faux-cresson (apium nodiflorum) présente des feuilles très similaire au cresson qui est pourtant d'une autre famile, celle des brassicacées (comme les choux ou les cardamines).

Non cueillie également, la roquette de mer ou cakilier (cakile maritima), pour laquelle je n'arrive décidément pas à trouver de débouché. Sa saveur à la fois piquante et amère n'est pas facile à caser... Quel dommage car elle était encore bien belle.



 
Avec toutes ces plantes récoltées, on va commencer en douceur une petite recette intéressante et pour une fois totalement végétale...

 
Tomates farcies à la bette maritime

Ingrédients :

  • Quelques belles tomates bien rondes
  • Une à deux bonnes poignées de feuilles de bette par tomate (à ajuster en fonction de la taille des tomates)
  • Riz rond (100g pour 150g de bette)
  • Deux gousses d’ail
  • Du pain rassis
  • Huile d’olive
  • Fleur de sel et poivre
  • Quelques branches d’honkénie faux-pourpier pour la décoration

Préparation :

  • Préchauffer le four à 200°C
  • Mettre à cuire le riz dans le l’eau salée
  • Laver puis blanchir 5 minutes les feuilles de bette avant de bien les égoutter
  • Hacher une gousse d’ail très finement
  • Hacher également la bette (je l’ai fait au hachoir électrique) et mélanger avec l’ail et riz lorsque ce dernier est bien cuit
  • Saler et poivrer avant d’en remplir les tomates décalottés et évidées
  • Mélanger un peu d’huile d’olive avec l’autre gousse d’ail, le pain réduit en fines miettes et du sel pour obtenir une sorte de pâte huileuse
  • En napper le dessus des tomates farcies
  • Enfourner les tomates farcies ainsi que les « couvercles », face interne en haut saupoudrés de quelques grains de fleur de sel, un peu de poivre et un filet d’huile d’olive
  • Cuire 10 minutes en position grill
  • Servir avec les quelques branches d’honkénie lavées et égouttées, assaisonnées d’un filet d’huile d’olive et de fleur de sel

4 commentaires:

  1. Moi aussi, ça me rend dingue, le littoral, il faudrait avoir dix bras pour cueillir, même en ce moment, et dix bouches à nourrir pour expérimenter dans l'allégresse ! Quelles belles récoltes tu as faites, et tes tomates qui me tentent à travers la toile à cette heure-ci, c'est trop dur !!! Oui, il y a des plantes comme ça, dont on ne sait pas encore quoi faire alors qu'elles n'attendent qu'une idée originale...

    RépondreSupprimer
  2. Et puis quand on rajoute la pêche à pied pour remplir un autre panier (j'ai ramené quelques belles moules), c'est encore plus casse-tête !

    RépondreSupprimer
  3. La distinction du pourpier maritime honkénie et de l'euphorbe maritime tombe à pic (enfin quand je retournerais sur le littoral), parce qu'évidemment j'ai cru voir le premier sans être sûr!

    RépondreSupprimer
  4. Méfiance avec les euphorbes car ce sont de belles empoisonnées, mais la différence est assez nette lorsqu'on voit les deux réunies...

    RépondreSupprimer

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...