Affichage des articles dont le libellé est clitocybe nébuleux. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est clitocybe nébuleux. Afficher tous les articles

jeudi 8 novembre 2012

Couleurs d'automne

Alors que presque partout, le vert disparaît au profit de couleurs plus chaudes (tout au moins pour le moment), on trouve pourtant quelques exceptions. Le chêne vert est l'une d'entre-elles.

Plutôt habitué aux climats méridionaux, ce chêne est assez fréquent sur le pourtour méditerranéen où il fait même partie des espèces végétales dominantes. Il se raréfie lorsqu'on remonte au nord, mais on trouve quelques exceptions sur le littoral, aux climat naturellement plus doux, comme par exemple sur les côtes bretonnes où il n'est pas rare d'en trouver le long des sentiers côtiers.

A l'heure actuelle, à l'intérieur des terres, c'est probablement en Drôme et en Ardèche que l'espèce remonte le plus haut, le long de la vallée du Rhône... et c'est justement dans cette région que je me trouvais.

Alors que les dernières châtaignes, déjà tombées depuis quelques semaines, ont entamé leur lente décomposition, les chênes offrent une alternative insoupçonnée avec leurs fruits. Mais tous ne se valent pas, la faute aux tanins qu'ils contiennent. Ceux-ci, astringents, amers et âcres (aucune mention inutile à rayer malheureusement), rendent en effet la plupart des glands totalement immangeables.

En cherchant un peu, on trouve de nombreuses techniques pour éliminer cette encombrante substance. En les analysant de plus près, on se rend rapidement compte que le processus d'élimination est plutôt lourd.

Les tanins étant hydrosolubles, toutes ces techniques tournent autour de l'eau. À moins de vivre à proximité d'une rivière dont l'eau serait exempte de pollution et dans laquelle les glands devraient être plongés plusieurs jours, il faudrait compter sur une grosse dépense d'énergie.

Heureusement, le chêne vert est là pour fournir une alternative. Ses glands ont en effet une concentration de tanins beaucoup plus faible et ils sont même presque absents chez certaines sous-espèces plus thermophiles qu'il est malheureusement impossible de trouver ici. Mais moyennant quelques petits efforts, le chêne vert de nos contrées est lui-aussi capable de fournir des amandes presque dénuées d'amertume. En plus, elles sont légèrement sucrées !

Une fois prêtes, celles-ci sont utilisables comme des châtaignes.

La recette ci-dessous, inspirée de mon récent séjour à Besançon, permet en plus de redonner de l'attrait à quelques champignons généralement peu appréciés. De mon côté, j'ai utilisé des « gris de sapin » (clitocybe nebularis), des lactaires couleur saumon (lactarius salmonicolor) et quelques laccaires qui passaient par là, tous frais. La recette franc-comtoise originale utilise plutôt des clitocybes nébuleux séchés.

Galettes de chêne vert façon croûte franc-comtoise

Ingrédients (entrée pour 4) :

  • 250g à 300g de glands de chêne vert entiers commençant tout juste à brunir
  • 300g de clytocibes nébuleux et de lactaires couleur saumon
  • 1 oignon
  • 10cl de crème fraîche
  • 100g + 1 cuillère à soupe bombée de farine
  • 1 bon verre de vin blanc sec
  • 1 gousse d'ail hachée
  • 3 cuillères à soupe d'huile de tournesol
  • Sel et poivre

Préparation des glands :

  • La veille, fendre l'écorce des glands sur leur longueur, des deux côtés
  • Les plonger 5 minutes dans de l'eau bouillante, avant de les plonger dans de l'eau froide
  • Ne pas les laisser sécher et les peler immédiatement (deux peaux à enlever : une écorce plutôt dure et une fine pellicule à ne pas oublier)
  • Les replonger dans de l'eau froide et oublier jusqu'au lendemain
  • Une fois égouttés, ils sont prêts à être utilisés (croquer une ou deux amandes pour vérifier que l'amertume a presque totalement disparu)

Préparation des galettes :

  • Passer les glands au hachoir de manière à obtenir une poudre pas trop fine (garder quelques morceaux) pour obtenir 200g
  • Les mélanger à 100g de farine, une pincée de sel et un verre d'eau
  • Incorporer ensuite une cuillère à soupe d'huile à l'appareil
  • Chauffer une grande poêle antiadhésive et y former de petites et fines galettes (4 par 4)
  • Bien les cuire/dorer sur les deux cotés

Préparation du reste de la recette :

  • Bien nettoyer les champignons (étant donné leur mode de cuisson, ils peuvent être passés à l'eau)
  • Les cuire 10 minutes dans de l'eau bouillante salée, égoutter et réserver
  • Chauffer deux cuillères à soupe d'huile au fond d'une casserole
  • Y faire revenir l'oignon finement haché
  • Ajouter ensuite les champignons le temps de les ramener à température
  • Saupoudrer avec la farine en remuant bien, pour éviter la formation de grumeaux
  • Ajouter enfin l'ail, le vin blanc et la crème
  • Remuer, couvrir et laisser mijoter à feu doux pendant quelques minutes
  • Découvrir et laisser réduire jusqu'à ce que la sauce soit bien onctueuse
  • Dresser en plaçant dans chaque assiette quelques galettes réchauffées à la poêle, puis en les couvrant des champignons et de leur sauce

ATTENTION :
La consommation excessive de tanins peu provoquer des troubles digestifs et des maux de tête, il est donc important d'en éliminer un maximum (à noter que d'autres aliments, comme le thé vert ou les vins, en contiennent aussi).
D'un point de vue plus esthétique, il vaut mieux éviter les ustensiles en acier/fonte où le métal est à nu, les tanins font en effet mauvais ménage avec le fer. Ils en précipitent les sels en une sorte d'encre noire, très noire.

dimanche 20 novembre 2011

Terre-mer à tomber

Le pied bleu (lepista nuda), c’est vraiment mon champignon préféré (et je ne suis pas le seul : petit clin d'oeil à Colibri, grande amatrice elle aussi). Alors tu vois, quand je m’y attaque, je me creuse toujours les méninges pour faire honneur à ce concentré de parfums forestiers.

Avec tout ce qu’on a récolté, il y a vraiment de quoi faire. Pour les moins beaux, ceux que les limaces ont attaqués, je te propose de les utiliser avec des clitocybes nébuleux (clitocybe nebularis) pour faire quelques conserves.

On utilisera comme base la [recette] de CitronVert que j’avais déjà eu l’occasion de publier [ici]. Pour conserver au maximum la saveur des pieds bleus, il nous suffira de les ajouter lors de la deuxième cuisson (la première ayant pour but de rendre digeste les clitocybes). Et puis en plus, ça donnera une couleur sympa aux conserves !

Pour les plus beaux, que dirais-tu d’un plat mijoté ? Je ne sais pas pourquoi, mais je verrai bien des fruits de mer, des poulpes plus précisément. J’en ai justement quelques uns congelés, des tous petits.

On ne se casse pas la tête : on les mets tels-quels dans une sauteuse avec les champignons, de l’oignon doux découpé en gros morceaux et quelques gousses d’ail. Oh la, mais c’est que ça rend plein de liquide ! Prends-en les trois quarts pour ajouter dans l’eau du riz quand on le préparera, ça lui donnera un délicieux parfum.

Moi, je garde juste un fond de ce jus pour mes petites pieuvres, que je complète avec une bonne quantité d’huile d’olive. Maintenant, on peut couvrir la sauteuse en laissant un suffisamment d’espace pour que le liquide s’évapore et réduise un peu. Je règle le feu pour avoir une légère ébullition. Tu penseras à me prévenir d’ici une heure, pour couper le feu. Ah ! J’allais oublier d’assaisonner : un peu de sel, c’est tout !

Avec ce type de cuisson, tu seras étonné de constater à quel point la chair des poulpes devient fondante.
Et puis ce parfum ... à tomber !

jeudi 4 novembre 2010

Addictif

Tel pourrait être le qualificatif de cette préparation dont vous trouverez l’original [ici].

A la base, un champignon très commun mais très peu cueilli : le clitocybe nébuleux (clitocybe nebularis) que j'ai découvert tout récemment à l'occasion de [cette sortie].

Il faut dire qu’il cumule quelques tares qui ont de quoi le rendre impopulaire. Toxique cru, il nécessite une bonne cuisson pour être comestible (attention, certains ouvrages le donnent malgrè tout toxique, c'est donc à vous de choisir...) ou vous en seriez quittes au minimum pour une bonne indigestion et un séjour prolongé aux toilettes. Très semblable visuellement avec le sinistre entolome livide (entoloma lividum), il peut être source de confusion conduisant cette fois-ci à des intoxications parfois mortelles.


A gauche : l'entolome livide (entoloma lividum) extrêmement toxique ; à droite : le clitocybe nébuleux (clitocybe nebularis), comestible bien cuit.

Il est préférable de ne cueillir que les spécimens les plus jeunes. Ils ont l’avantage d’être moins souvent véreux que leurs ainés dont les asticots ont l’air de raffoler tout particulièrement. Poussant fréquemment en ronds de sorcière, ils remplissent un panier assez rapidement sans pour autant demander à parcourir beaucoup de chemin.

Conserves nébuleuses (recette de CitronVert)

Ingrédients :

  • Une bonne quantité de clitocybes nébuleux
  • Vinaigre blanc à 8%
  • Huile d’olive
  • Sel
  • Poivre en grains, romarin, graines de genévrier, feuilles de laurier
  • Un citron non traité

Préparation :

  • Nettoyer les clitocybes et couper en morceaux les plus gros spécimens
  • Les ébouillanter pendant une bonne dizaine de minutes
  • Les égoutter et jeter l’eau de cuisson
  • Les cuire encore quinze minutes dans un mélange de 3/4 d’eau, de 1/4 de vinaigre blanc et de sel (une cuillère à soupe par demi-litre de mélange)
  • Chauffer une quantité d’huile d’olive correspondant à la moitié du volume des bocaux
  • Laver le citron et le découper en fines rondelles
  • Bien égoutter les champignons
  • Remplir sans trop tasser chacun des petits bocaux stérilisés avec les champignons, quelques rondelles de citron, pincées de sel, grains de poivre et de genévrier ainsi qu’une branche de romarin et une feuille de laurier
  • Verser l’huile bouillante à raz dans chacun des bocaux en faisant bien attention aux projections
  • Visser le couvercle immédiatement et retourner les bocaux pour les laisser refroidir

Attendre quelques jours avant d’ouvrir

Cette préparation est idéale pour être servie en hors d’œuvre ou en appéritif. Et si je conseille les petits bocaux, c’est qu’une fois entamés, il est difficile de s’arrêter avant d’en avoir atteint le fond !

Note : concernant la comestibilité des champignon, Yoko m'a fait parvenir le texte d'une étude très intéressante que j'ai pu retrouver sur internet, [ici]. A chacun de juger ... De mon côté j'en ai surtout retenu que c'était aussi une question de modération et parfois de tolérance individuelle. Dans le cas de nouveaux champignons, je m'assure que plusieurs références récentes les donnent comestibles et je commence toujours par de petites quantités, et dans tous les cas, je n'en abuse pas...

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...