Une fin d’année sur les chapeaux de roue, un début d’année de la même veine : impossible de manquer la moindre occasion de prendre l’air, le grand air même.
C’est comme ça que dimanche dernier, je me suis retrouvé non loin de Barfleur, à arpenter les chemins côtiers.
Habitant en région parisienne, où la neige des dernières semaines de 2010 a fini d’éliminer les quelques plantes qui osaient encore braver le froid, j’ai été bien étonné de constater que la très relative « douceur » des bords de mer avait permis de préserver nombre de végétaux, permettant encore quelques belles cueillettes à la plus mauvaise des périodes.
Les belles rosettes de plantain corne de cerf (plantago coronpus) ne m’ont guère surpris. La plante est résistante et la période hivernale est même la plus intéressante pour les amateurs de salades sauvages. C’est en effet en ce moment que les jeunes feuilles les plus tendres font leur apparition. Plus tard, elles deviennent coriaces et gagnent en amertume.
Plus étonnant, le mouron blanc (stellaria media, stellaire intermédiaire, mouron des oiseaux ou encore morgeline), plante frêle et délicate ne présentait que quelques « brulures » sur les extrémités des feuilles les plus exposées. Avec la doucette, c’est une de mes salades sauvages préférées et je ne me suis pas privé d’en faire le plein.
Mais la prime de la surprise revient à la claytone de Cuba (claytonia perfoliata, ou pourpier d’hiver). Avec un nom comme le sien, on s’attendrait plutôt à trouver cette plante d’origine américaine dans des régions plus chaudes. Echappée des potager et désormais naturalisée en Europe, c’est toujours un vrai bonheur de tomber sur épais un tapis de jeunes pousses. Il m’a suffi de passer mon couteau sous quelques poignées de ces nombreuses petites feuilles pour en récolter une belle quantité en quelques secondes. Après avoir éliminé les feuilles attaquées par le froid et quelques graminées prélevées en même temps, il m’en restait encore un plein saladier.
Dans deux ou trois mois, des feuilles en forme de coupelles feront leur apparition et de toutes petites fleurs blanches en émergeront. Pendant toute cette période, elles pourront être cueillies et consommées.
Une autre plante qui fleurira au même moment avec de belles fleurs blanches en forme de clochettes : l’ail à trois angles (allium triquetrum, ou ail triquètre) ne présente actuellement que ses feuilles, mais elles sont déjà très parfumées. De loin, on pourrait les prendre pour des graminées, mais il s’agit bien d’ail. Il suffit d’en malaxer un peu entre ses doigts et de sentir pour finir de s’en persuader. Difficile de trouver de belles feuilles en ce moment, mais pas impossible, surtout que cinq ou six suffisent pour assaisonner une salade.
Salade improvisée des bords de Manche
Ingrédients :
- Claytone de cuba
- Mouron blanc
- Quelques rosettes de plantain corne de cerf (parties centrales)
- Feuilles d’ail triquètre
- Huile de colza, miel liquide, jus de citron vert, sauce soja et poivre
Préparation :
- Laver les plantes à l’eau vinaigrée avant de les rincer à l’eau claire pour finalement les essorer
- Mélanger une cuillère à café de sauce soja avec un peu de miel
- Y ajouter une cuillère a soupe de jus de citron vert et deux d’huile de colza, puis finir avec un ou deux tours de moulin à poivre et les feuilles d’ail triquètre finement hachées
- Verser cette vinaigrette sur les plantes au dernier moment avant de servir
Tu e as de la chance d'avoir trouvé du pourpier, j'en ai acheté il y a deux semaines dans un magasin bio à 15 euros/kg!!!
RépondreSupprimerBonne année Nicolas, et de très belles cueillettes pour cette nouvelle année!
Aaargh ! Mon bout d'an s'est terminé dans la fièvre, pas du samedi soir, malheureusement, ce qui m'a privée de ces promenades en littoral d'où on revient rarement bredouilles... Du pourpier (claytone de Cuba) j'en avais vu, mais je ne me souviens plus à quel endroit, je ne l'ai qu'en photo, sans repère visuel pour le localiser ! J'espère être un peu plus rigoureuse en 2011 dans mes notes... Quant à l'ail triquette, c'est grâce à toi que je vais pouvoir l'identifier... une fois en fleur. Au stade des feuilles, je confonds un peu, visuellement, avec les plantes de la famille des jacinthes des bois... Moi aussi, je suis épatée par la résistance de la stellaire intermédiaire, c'était la seule cueillette que j'ai pu faire au bois alors que la neige persistait à sévir !
RépondreSupprimerAh oui, le mouron, on en trouve partout dans mon coin de bretagne. Et il y a un mois, j'y trouvais aussi de jolies pousses d'oseille...
RépondreSupprimerLe pourpier je rêverais d'en trouver, mais je n'ai pas l'oeil : je croyais qu'on n'en trouvait pas au Nord de la Loire !!!
Merci pour toutes ces petites astuces, c'est un plaisir de venir se renseigner ici :-)
Citronvert :
RépondreSupprimerA 15€ le kg, j'aurais du en ramener plus !
Colibri :
Entre l'ail triquètre et les jacinthes, c'est un peu comme entre l'ail des ours et le muguet : l'odeur d'ail permet d'écarter tous les doutes.
Grenouille :
Je pense que c'est plutôt du vrai pourpier (portulaca oleracea) dont tu as entendu parler qu'on trouve peu au dessus de la Loire (bien qu'il me soit déjà arrivé d'en trouver). Son aspect est très différent de celui de la claytone (cf photo ici). Il est aussi plus "consistant".