lundi 16 mars 2015

Marée du siècle... ou presque


119, c'est le coefficient de marée auquel nous aurons droit ce samedi, un coefficient qui vaut à cette marée le qualificatif de "marée du siècle", même si celui-ci est un peu exagéré.
On retrouve en effet ce phénomène tous les 18 ans environ : donc plus souvent qu'une seule fois par siècle. Mais sachant que le coefficient maximum est 120, ça reste une marée exceptionnelle. Et pas qu'une marée d'ailleurs, car entre vendredi et lundi, c'est une série de 4 jours avec des coefficients supérieurs à 110.
Pour les amateurs de pèche à pieds, l'événement est donc immanquable !

Alors, histoire de revoir les bases, voici un petit quiz pour vous aider à reconnaître quelques espèces qu'on peut trouver sur les côtes. C'est aussi l'occasion de rappeler quelques-unes des conditions réglementaires de pêche. Celles que je donne ici sont celles pour les Côtes d'Armor, mais elles ne sont pas exhaustives, charge à vous de vous renseigner plus précisément (en particulier sur les spécificités régionales ainsi que les instruments et les techniques autorisées). Vous trouverez plus de détails [ici], pour chacun des 4 départements bretons. Pour les autres régions, les tailles, quantités et conditions peuvent changer et certaines espèces non réglementées en Bretagne peuvent l'être ailleurs.
Dans tous les cas, le bon sens doit être de mise et même lorsque la pêche d'une espèce n'est pas reglementée, il faut savoir se modérer et ne pas se jeter sur le moindre spécimen sans se soucier de sa taille.
N'oubliez pas non plus de vous renseigner sur l'état sanitaire des eaux !


















(*): à ma connaissance.

À très bientôt sur les plages bretonnes...

vendredi 13 mars 2015

Puntarelle

Une fois n'est pas coutume, le personnage central de ce billet n'est pas une plante sauvage mais bel et bien une plante cultivée : Chicorée de Catalogne ou encore chicorée asperge sont ses noms français, mais les principaux consommateurs de cette cousine du pissenlit et des laitues (famille des astéracées), les Italiens, l'appelle "puntarelle".

Chicorée de Catalogne (cichorium intybus var. foliosum). Même espèce (intybus) que la chicorée sauvage, et même variété (foliosum) que les endives, mais d'un aspect totalement différent... et contrairement à ses deux proches cousines, ce ne sont ni ses racines, ni ses feuilles qui sont les plus intéressantes.

De prime-abord, lorsque la plante est encore entière, on dirait presque une salade comme les autres : une sorte de gros pissenlit en boule, dont les feuilles basales auraient des côtes plus développées et plus blanches.
En l'effeuillant (surtout sans rien jeter, les feuilles aussi sont bonnes), on a la surprise de voir apparaître une véritable forêt de hampes florales naissantes. Épaisses et charnues, celles-ci ont l'aspect d'asperges compactes (d'où le nom de "chirorée asperge").

Presque une quarantaine de hampes florales sur cette seule rosette : de quoi faire une salade pour environ 4 personnes.

A la fois tendres et croquantes lorsqu'elles sont encore jeunes, elles sont le trésor caché de cette chicorée. Attention tout de même, c'est un trésor qui n'est pas de tous les goûts : il s'agit en effet d'une chirorée amère, comme les endives, et bien que sont goût soit légèrement sucré, il est loin d'être dénué d'amertume.

Des faux-airs d'asperges, mais un goût totalement différent.

Mais c'est une amertume avec laquelle on apprend à jouer, en particulier avec l'acidulé et le salé, qui, sans la masquer, la rendent plus abordable. Au final, impossible de ne pas apprécier ! Le meilleur moyen pour s'en convaincre : une salade de puntarelle à la romaine, où le salé des anchois, l'acidité du vinaigre et du citron, et aussi le goût marqué de l'ail frais apportent un véritable équilibre gustatif et une très agréable combinaison de saveurs.

Tiens, d'ailleurs, à propos d'ail, j'ai ma première récolte d'ail des ours de l'année qui attend dans un saladier non loin de là...

L'ail des ours (allium ursinum) nouveau est arrivé ! Entre les feuilles et les fleurs, c'est parti pour au moins deux ou trois mois de belles et bonnes récoltes. A ne pas confondre avec le muguet, toxique, mais l'odeur de l'ail permet de ne pas se tromper.

Et puis il me reste aussi deux ou trois poignées de feuilles de mouron des oiseaux...

Avec l'ail des ours, un peu d'huile d'olive, quelques gouttes de jus de citron et de vinaigre et surtout plein d'anchois, ça fait belle et surtout très bonne salade.

En général, on coupe les tiges de la puntarelle en 4 ou en 8 dans le sens de la longueur (selon leur taille). Ici, je n'ai utilisé que les tiges les plus fines et les ai donc laissées entières.

jeudi 12 mars 2015

Mauvaise herbe


Depuis environ deux ans, cette mauvaise herbe vous accueille chaque fois que vous rendez visite à ces pages.

Mouron des oiseaux, mouron blanc, morgeline, stellaire intermédiaire (stellaria media), ses noms sont nombreux. Il faut juste éviter de confondre ses feuilles avec celles des plantes du genre "anagallis" dont le mouron rouge, qui lui est toxique. Pour les distinguer, outre les fleurs blanches aux pétales doubles de la stellaire (pétales simples de couleur rouge ou bleue pour le mouron rouge), les tiges de la stellaire ont une section ronde et sont hérissées de poils disposés en crête uniquement sur un de leur côté (section carrée pour le mouron rouge et pas de poils en crête).
Ses petites et frêles feuilles vous sont sans aucun doute familières, et pas uniquement à cause de ce blog, car elles ont tendance à envahir les coins de potagers ombragés laissés à l'abandon ou les jardinières à la terre riche et bien arrosée.

Le mouron des oiseaux est en effet ce type de mauvaise herbe qu'on trouve tellement partout qu'on ne la remarque presque plus. Et pourtant...

... c'est une excellente comestible qu'on peut consommer aussi bien crue que cuite.

Crue, elle fera une délicieuse salade au goût très délicat.
Cuite, elle se transformera en un légume feuille dont on appréciera la saveur évoquant la noisette verte.

Le plus difficile avec cette plante-là, c'est finalement de trouver un endroit suffisamment sain pour la cueillir sans crainte et la cuisiner.

Mais à part en salade, le mouron des oiseaux ne fait pas une recette à lui seul. Or, j'avais ramené de mon dernier voyage sur les côtes normandes quelques poignée de carragheen, une algue rouge assez commune aux propriétés gélifiantes.

Carragheen ou mousse irlandaise (chondrus crispus). C'est de cette algue rouge qu'est extrait l'épaississant/gélifiant E407 (carraghenanes). Quasiment sans goût, on peut utiliser l'algue directement en cuisson dans un liquide pour faire des desserts gélifiés. A titre d'information, le E407 est entouré de soupçons quant à de possibles effets cancérigènes. De mon côté, j'utilise quand même cette algue (entière, et pas ses extraits) juste quelques fois dans l'année. Elle est d'ailleurs utilisée traditionnellement en Ecosse et en Irlande pour des desserts. Contrairement aux gelées à base d'agar-agar (qui est aussi une algue), la gelée obtenue avec la mousse irlandaise est très souple.

Mon but initial était de l'utiliser pour réaliser une panna cotta sucrée, mais avec un aussi beau mouron en main, je me suis finalement réorienté vers une recette salée...

D'autant que j'avais aussi dans mes bagages une autre algue que j'apprécie particulièrement pour son goût épicé : le poivre de mer. Idéal pour agrémenter une préparation salée...

Poivre de mer (laurencia pinnatifida). Cette algue de petite taille a un goût épicé très agréable, mais qui malheureusement disparaît très rapidement après sa cueillette.

Panna cotta au mouron blanc et Saint-Jacques


Ingrédients (pour 4 verrines) :
  • 40cl de lait entier
  • 20g de thalles de carragheen
  • 100g de mouron des oiseaux
  • 200g de noix de Saint-Jacques
  • Un citron vert
  • Un peu de poivre de mer
  • Fleur de sel
Préparation :
  • Débiter les noix de Saint-Jacques en petits cubes (5mm)
  • Hacher finement le poivre de mer
  • Mélanger l'algue hachée, les cubes de Saint-Jacques et quelques gouttes de jus de citron
  • Réserver ce mélange
  • Verser le lait dans une casserole avec le carragheen
  • Chauffer le tout jusqu'à frémissement en remuant régulièrement pour éviter que le fond n'attrape
  • Maintenir encore 5 minutes sur le feu en limite de frémissement
  • Pendant ce temps, laver et essorer le mouron, puis le hacher grossièrement au couteau
  • Placer le mouron au fond du bol d'un blender
  • Y verser ensuite le lait chaud avec le carragheen et mixer le tout jusqu'à obtenir un mélange homogène
  • Répartir le mélange Saint-Jacques - poivre de mer au fond de 4 verrines (ou de 4 verres à cocktails)
  • Ajouter quelques pincées de fleur de sel
  • Couvrir ensuite rapidement avec le liquide encore chaud
  • Laisser refroidir à température ambiante, puis au réfrigérateur pendant au moins une heure pour une bonne gélification
Rafraîchissante, les saveurs de cette panna cotta salée et sa belle couleur verte vous surprendront.

mardi 10 mars 2015

Ail ail ail !

Le printemps arrive enfin et les premières fleurs sont là pour le faire savoir !

Elles sont belles les fleurs de l'ail triquêtre (allium triquetrum). Cette beauté en ferait presque oublier que la plante s'est vue attribuer le statut d'"invasive préoccupante" en Bretagne. Originaire des régions méditerranéennes, elle a été utilisée comme plante décorative dans les jardins du littoral où les températures hivernales sont plus clémentes. Elle s'y est finalement tellement plu qu'elle a fini par s'y naturaliser et proliférer. N'hésitez donc pas à la cueillir entière !

Sur le littoral normand, c'est l'ail triquètre qui joue les messagers en exhibant ses premières clochettes. Elles sont encore rares, mais ce n'est pas si grave, car dans l'assiette, elles n'apportent pas grand chose de plus qu'une touche de déco avec un petit goût (aillé forcément).

On l'appelle aussi ail à trois angles. Il suffit de regarder la section des tiges florales pour en comprendre la raison. À noter que les feuilles aussi ont une section triangulaire, mais plus aplatie.

Si vous voulez vraiment faire connaissance avec cet ail, ce sont vers ses feuilles qu'il faudra vous tourner. Elles ont bien entendu une saveur aillée, mais plus douce que chez l'ail des ours ou le poireau, dont on oublie souvent qu'il est lui aussi un ail (allium porrum).

On croirait presque des poireaux !

L'analogie avec le poireau ne s'arrête pas là. Sans parler du visuel (il suffit de sortir de terre un pied entier pour s'en rendre compte), la base blanche des feuilles a aussi ce goût légèrement sucré qui donne à son cousin cultivé tout son intérêt.

Et donc, pas besoin d'aller chercher bien loin pour trouver l'inspiration ...

Ail triquètre, façon poireau vinaigrette


Entrée (pour 4) :
Cuisson plus rapide que le poireau pour un résultat plus
tendre et tout aussi bon : c'est une manière plutôt agréable
de participer à la régulation de cette plante invasive !
  • De 16 à 24 pieds entiers d'ail triquètres (selon leur taille)
  • Quelques têtes fleuries
  • Moutarde de Dijon
  • Vinaigre
  • Huile de colza
  • Sel
  • Poivre
Préparation :
  • Retirer les racines des pieds d'ail
  • Retirer également la ou les premières feuilles extérieures, généralement flétries ou jaunies
  • Couper le haut des pieds de telle sorte qu'ils fassent tous 15 cm, en mettant de côté les pointes vertes les plus belles
  • Laver à grandes eaux pour évacuer les grains de sables coincés entre les feuilles
  • Plonger les pieds dans de l'eau bouillante salée pendant 5 minutes
  • Les transférer immédiatement dans de l'eau glacée pour stopper la cuisson et les égoutter une fois refroidis
  • Hacher finement les pointes vertes des feuilles mise de côté auparavant
  • Dresser en saupoudrant ces feuilles hachés sur les assiettes de service, puis en déposant les pieds d'ail par dessus
  • Ajouter un cuillerée de vinaigrette. Celle-ci aura été préalablement faite avec la moutarde, l'huile, le vinaigre, le sel et le poivre
  • Finir avec les fleurs

mercredi 25 février 2015

Grandes marées etc.

Les grandes marées de la semaine dernière ont été le prétexte pour une escapade sur le littoral costarmoricain : huîtres, pieds de couteau, coques, palourdes, mactres, amandes de mer, étrilles, crabes verts et j'en oublie ont été notre quotidien lors de ces quelques jours...

Coefficient 118 sur un maximum de 120 : c'était une occasion à ne pas manquer, même si une exceptionnelle "marée du siècle" (pas si exceptionnelle que ça en fait, car se reproduisant tous les 18 ans environ) nous attend en mars avec un coefficient 119. D'autant que malgré le vent, malgré le froid, malgré la pluie, malgré la grêle, la Bretagne avait quand même un peu de soleil à nous offrir. 

Une véritable et délicieuse cure d'iode dont il ne faut pourtant pas abuser : les fruits de mer, en particulier les coquillages bivalves filtreurs, ont en effet tendance à concentrer les polluants. Après un régime comme celui de la semaine dernière, il fallait donc lever le pied sur les produits de la mer... mais pas sur les produits de la côte, comme par exemple le maceron qui en ce moment est à son stade de croissance idéal.

Feuilles de jeunes pieds de maceron (smyrnium olusatrum).

Cette plante est presque indissociable du littoral breton tellement elle y est fréquente. Elle y est pourtant très peu connue comme comestible. A vrai dire, elle y est même souvent considérée comme une mauvaise herbe (ce qui, au passage, est le cas de bon nombre de comestibles sauvages). Il faut dire qu'à l'heure où les aliments perdent peu à peu en saveur, le goût puissant et très particulier du maceron a de quoi dérouter.

Les pétioles basaux du maceron sont emboîtés les uns dans les autres, donnant au pied de la jeune plante une forme bulbeuse, comme avec le fenouil. Toutes les parties sont très parfumées, mais la chair des "bulbes" a en plus une composante sucrée très intéressante.

Comme souvent avec les sauvages, la préparation d'aujourd'hui est inspirée d'une recette à base d'un légume classique... ici, le fenouil.

Tarte tatin salée au maceron


Une poêle en fonte sans manche : idéale pour une tarte tatin,
qu'elle soit salée ou sucrée.
Ingrédients :
  • 150g de pâte brisée
  •  6 bulbes de maceron (environ 100g chacun)
  • 2 petites pommes (environ 150g chacune)
  • 2 oignons moyens (moins de 100g par oignon)
  • 15cl de bouillon de volaille
  • 1 cuillère à soupe de miel
  • 1 cuillère à soupe de sucre roux
  • Le jus d'un beau citron
  • 50g de beurre
  • 1 pincée de sel
Préparation :
  • Peler les oignons et les pommes
  • Les couper en 4 dans la longueur
  • Épépiner les pommes et les badigeonner de quelques gouttes de jus de citron
  • Couper aussi en 4 sur la longueur la moitié des bulbes, émincer le reste
  • Sur feu moyen, faire fondre le beurre dans une poêle (capable d'aller au four)
  • Répartir maceron, pomme et oignon dans la poêle et cuire à couvert sans remuer pendant 5 bonnes
  • Remuer délicatement avant ajouter ensuite le miel, le bouillon et le jus du citron
  • Laisser cuire toujours sur feu moyen jusqu'à évaporation du liquide et début de caramélisation
  • Retirer du feu et couvrir avec la pâte brisée préalablement abaissée
  • Glisser les bords de la pâte vers le bas, le long de la paroi de la poêle
  • Placer immédiatement  dans un four préchauffé à 180°C
  • Sortir après 25 minutes de cuisson et démouler la tarte en la retournant sur son plat de service
  • A servir, par exemple avec une chantilly de crème aigre

Personnellement, j'adore... mais avec le maceron et son goût si particulier, je ne saurais trop vous conseiller d'expérimenter à petite échelle avant de vous lancer ! Et en l'absence de maceron, un peu de fenouil donnera une idée de ce à quoi cela peut ressembler.

mardi 10 février 2015

Soleil, eau, sable, bécasseaux ... et cornes de cerf

Ça fait du bien un peu de soleil, malgré le froid et le vent...
Là, c'est vraiment l'hiver comme je l'aime !


Sur les plages de la Manche, la lumière rasante accentue les contrastes. Combinée avec les reflets sur l'eau, on a presque l'impression d'évoluer dans un paysage en noir et blanc...



... Noir et blanc qu'osent à peine contrarier les bécasseaux, avec leur tenue hivernale où le gris domine. Il n'y a guère que les reflets du ciel bleu et les morceaux d'algues déposés de-ci de-là par la marée pour apporter quelques touches colorées.

Sans doute un bécasseau sanderling (calidris alba). Ces oiseaux limicoles arpentent les plages en longeant la limite entre l'eau et le sable. Souvent en groupe, ils sont assez peureux et il est difficile de s'en approcher. J'aime écouter leurs sifflements. Ceux-ci me font un peu penser à Harpo Marx (je vous laisse comparer [ici] et [là]).

Mais le soleil décline et le froid devient plus mordant. Il faut maintenant prendre le chemin du retour.



Et en quittant l'estran, une bonne surprise nous attend en bordure du sentier côtier...

Plantain corne de cerf (plantago coronopus).
Cette plante apprécie particulièrement les milieux sableux salés et on la trouve donc fréquemment sur le littoral, mais pas uniquement. On en trouve par exemple assez fréquemment en bordure des routes de la région parisienne, en particulier à cause du salage hivernal. Mais ces spécimens-là, je ne m'aventurerai pas à les goûter. Comme pour tous les plantains, les fleurs forment des épis qui apparaissent à la fin du printemps (parfois plus d'une vingtaine d'épis pour un seul pied). Étonnamment, ils ont tendance à se développer à la périphérie de la rosette plutôt qu'en son centre.

 Autre caractéristique : contrairement aux plantains "classiques" (lanceolata, major, media, les plus fréquents) dont les feuilles ne sont pas dentées, celles de coronopus le sont et présentent même parfois des ramures, elles-mêmes dentées, d'où son nom de "corne de cerf". Au centre de la rosette, les plus jeunes feuilles sont couvertes d'un léger duvet (ont le voit sur la photo au centre de la rosette où il a "peluché"). Celui-ci disparaît avec l'âge, mais les feuilles gardent souvent quelques poils. Côté goût, les feuilles crues rappellent celui des jeunes pousses de betterave, un peu terreux mais pas désagréable, avec une petite note salée qui ne gâche rien, bien au contraire.
A cueillir jusqu'au début du printemps (après, il devient carrément coriace).

Et cette fois-ci, plutôt que de les utiliser en salade, comme j'avais l'habitude de le faire jusqu'à présent, je suis passé à une version cuisinée...

Joëls frits et "dip" au plantain corne de cerf


Ingrédients (pour 4) :
  • 600g de joëls (de mon côté, c'était des surgelés)
  • 200g de plantain corne de cerf (rosettes entières débarrassées des feuilles abîmées et de leur racine)
  • 150g d'oignon
  • 25cl de bouillon de volaille
  • Huile à friture (arachide pour moi)
  • Sel et poivre
Préparation :
  • Laver à grandes eaux le plantain afin de le débarrasser de tous les grains de sables qui ont tendance à s'incruster entre les feuilles
  • Le laisser s'égoutter tranquillement
  • Pendant ce temps, hacher l'oignon finement
  • Faire chauffer deux cuillères à soupe d'huile au fond d'une poêle et ajouter l'oignon
  • Le cuire à feu moyen, sans coloration
  • Lorsqu'il devient translucide, ajouter les feuilles de plantain hachées grossièrement
  • Verser la moitié du bouillon de volaille et continuer la cuisson sur feu moyen à découvert
  • Remuer régulièrement pour homogénéiser la cuisson
  • Compléter avec le reste du bouillon au fur et à mesure que celui-si s'évapore
  • Stopper la cuisson lorsque tout le bouillon aura été versé et qu'il aura réduit au point qu'il n'en reste que quelques gouttes
  • Passer le tout au mixeur jusqu'à obtenir un mélange à peu près homogène et à la consistance plutôt crémeuse
  • Saler et poivrer (attention avec le sel, le plantain et le bouillon réduit en apportent déjà pas mal)
  • A cet stade, la "dipping sauce" au plantain est prête et peut être réservée au chaud
  • Pour les joëls, il suffit de les passer dans la farine, puis de les plonger quelques minutes dans de l'huile de friture à 150°C
  • Les égoutter et les placer sur du papier absorbant pour en éliminer un maximum de graisse
  • Les saler avant de les servir rapidement accompagnés de leur "dip"

Le goût terreux qu'on ressent avec les feuilles crue a ici disparu. Reste une légère amertume atténuée par l'oignon, plutôt du genre de celle qu'on apprécie que de celle qui fait faire des grimaces. Et avec les joëls... j'adore !

Pour conclure, un grand merci à Laure pour sa suggestion de la recette du site "hortulanus sacer" dont je me suis largement inspiré.

Ajout du 11/02/2015 : A tester aussi en ajoutant avec le bouillon un peu de vinaigre (cidre par exemple) et une cuillère à soupe de sucre. Le goût du plantain sera moins marqué et la sauce se rapprochera plus des "dips" classiques.

mardi 3 février 2015

Vive le vent d'hiver !

La neige est tombée sur le village...



Pas la peine de chercher les volontaires pour une petite bataille de boules de neige...



... ou glisser sur les pentes avec une luge !


Mais bon, c'est tout aussi amusant de faire un bonhomme de neige.
En plus, tonton Nicolas lui a prêté son chapeau.
Avec ses grands bras ouverts, on dirait presque qu'il appelle le soleil !


Il n'en fallait pas moins pour que celui-ci décide enfin de montrer le bout de son nez... 
Du coup, le berger et ses brebis sont eux-aussi sortis se dégourdir les jambes...



Avouez qu'il y a pire comme cadre pour déguster quelques brins d'herbe...



Mais les jours sont encore courts et tous le monde doit déjà rentrer à la maison ...


où un agréable feu de bois nous attend.


Et puis un peu plus tard, il y aura peut-être aussi ça :


"Mont-d'or" au vin jaune et polypore écailleux

Ingrédients :
  • Un ou plusieurs "Mont-d'or" (vacherin) selon leur taille et le nombre de gourmands
  • De la poudre de polypore écailleux (voir à la fin du billet pour plus de détails)
  • Quelques gouttes de vin jaune
  • Un pain de campagne à la mie plutôt compacte
Préparation :
  • A l'aide d'un couteau, découper un cône sur le haut du vacherin et mettre de côté ce "couvercle" de fromage
  • Dans le trou ainsi formé, ajouter une ou deux cuillères à soupe de poudre de champignon, puis verser quelques gouttes de vin jaune
  • Placer le tout (sauf le "couvercle" de fromage) au four à 180°C
  • Lorsque le contenu de la boite est fondu, mélanger avec une fourchette avant de remettre en place le "couvercle" de fromage et passer le four en position "grill" jusqu'à ce que le dessus soit gratiné
  • Il n'y a plus qu'à servir tel-quel avec plein de mouillettes découpées dans le pain (éventuellement grillées, voire même frottées à l'ail)

En principe, le cerclage du fromage à l'écorce d'épicéa et la boite suffisent à maintenir l'étanchéité et résistent bien à la chaleur. Au cas où, utiliser une lèchefrite. Et pour ceux qui s'inquiéteraient d'une éventuelle présence d'alcool : étant donnée la faible quantité utilisée, la cuisson au four l'aura vaporisé tout en préservant la saveur si caractéristique du vin jaune.

Le polypore écailleux (polyporus squamosus, photo prise l'automne dernier), c'est ce drôle de champignon "parasol" qui pousse sur le tronc des arbres morts ou mal en point. Jeune, on peut en découper de grandes tranches radiales et les griller à la poêle dans un peu de matière grasse : un délice de saveurs boisées ! Avec l'âge, il devient beaucoup trop dur et ne peut plus être utilisé de cette manière. Mais tant qu'il présente bien (comme sur la photo), il suffit de bien le faire sécher et de le réduire en poudre (au mortier ou avec un moulin à café). Celle-ci devient un aromate particulièrement intéressant...

mardi 13 janvier 2015

Thymus³

Une formule étrange dont voici l'explication :

Thym commun (thymus vulgaris). Ses branches sont ligneuses et tortueuses, ornées de fines feuilles à la couleur argentée et surtout dotées d'un parfum on ne peut plus caractéristique.
Mon premier "thymus", c'est le thym commun ou "thymus vulgaris" cueilli il y a tout juste deux semaines sous la neige. En plein hiver, ses feuilles sont toutes étroites et de couleur argentée. On est loin de la puissance aromatique de la même plante au printemps, mais finalement, il suffit juste d'augmenter la dose pour profiter de son délicieux parfum.

Thym commun (thymus vulgaris), photo prise au printemps. On remarque cette fois-ci des feuilles plus vertes et moins étroites..., mais c'est bien la même plante.

Mon second "thymus", c'est le serpolet ou "thymus serpyllum", un thym sauvage plus méconnu, mais qu'on peut retrouver un peu partout en France et à toutes les altitudes, du littoral jusqu'à la haute montagne, contrairement à son cousin le thym commun qui préfère un climat méridional. Son parfum est aussi plus varié, offrant une palette de saveurs mêlant plus ou moins les accents citronnés, mielleux ou encore mentholés. Celui-ci, j'en avais séché une grande quantité cet été en vue de l'utiliser en infusion comme traitement préventif contre les bronchites hivernales (et pour l'instant, ça marche !)... Mais avec mes réserves, j'ai de quoi lui trouver d'autres utilisations.

Serpolet (thymus serpyllum), photo prise en été. Ses feuilles sont plus larges, plus arrondies aussi. Il a tendance à ramper et s'étaler sur de grandes surfaces, mais ses tiges restent fines. Ses fleurs roses sont disposées au bout de celles-ci et forment comme un épis.

Mon troisième "thymus" n'est pas végétal puisque qu'on le trouve plutôt chez le boucher ou le tripier. C'est en effet l'autre nom des "ris" (dans mon cas des ris de veau). Très particulière en texture comme en saveur, cette pièce de choix n'est pourtant pas de tous les goûts. Malgré cela, la similitude des noms m'a donné envie de les associer :

Thymus x Thymus x Thymus = Thymus³
CQFD


Ingrédients (pour 4) :

  • 600 à 800g de ris de veau
  • 3 cuillères à soupe de feuilles séchées de serpollet
  • 2 cuillères à soupe de feuilles fraîches de thym commun
  • 20cl de crème fraiche
  • 20g de beurre
  • 1 verre de vin blanc sec
  • Un peu d'huile d'olive
  • Sel et poivre

Préparation :

  • Parer les ris afin d'en retirer un maximum de membrane et veines
  • Les faire dégorger en les faisant tremper quelques heures dans de l'eau froide
  • Les placer ensuite dans une casserole d'eau froide salée avec le serpolet
  • Porter à frémissement et maintenir ainsi pendant 5 minutes
  • Les plonger 5 minutes dans de l'eau froide, finir de les parer
  • Les égoutter avant de les réserver
  • Placer une poêle sur feu vif et lorsque celle-ci est chaude, y ajouter le beurre, un peu d'huile d'olive et le thym frais
  • Y placer les ris, baisser le feu et les cuire de tous les cotés
  • Les retirer lorsqu'ils ont pris une belle couleur dorée après les avoir salés et poivrés
  • Déglacer avec le vin blanc et incorporer la crème hors du feu pour obtenir une sauce onctueuse
Je les ai juste servis avec un mélange 50-50 de deux types de riz thaï, cuits ensemble :
 - Un riz blanc cuit à cœur, très tendre.
 - Un riz rouge dont le temps de cuisson est normalement plus long, donc resté légèrement croquant comme dans un risotto
Un mélange de textures qui souligne dans la simplicité une sauce et des ris pleins de saveurs.
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