Imaginez-vous en promenade, non loin de chez vous en pleine nature lorsque vous apercevez un hurluberlu qui s'allonge au sol pour prendre en photo une touffe d'herbe. Non content de ça, l'étrange individu se relève, fait quelques pas et s’accroupit pour couper une autre touffe et la glisser dans une sorte de besace.
Didier, dont la maison est à quelques centaines de mètres du chemin côtier où j'officiais, ça a forcément piqué sa curiosité et il est donc venu voir de plus près ce qui pouvait susciter autant d'intérêt.
Nous commençons la discussion et je lui parle de la cuisine sauvage, de l'intérêt culinaire des plumeaux de fenouil (les fameuses touffes que je prenais en photo) et en profite pour lui montrer non loin de là les première feuilles de chou marin (crambe maritima). Je lui explique que la plante est comestible, mais que, s'agissant d'une espèce protégée, je n'ai jamais eu l'occasion d'y goûter.
Il la regarde de plus près et avec un grand sourire me dit : « Ca ? J'en ai plein le long de mon mur. Je suis obligé d'en arracher presque tous les ans parce qu'avec toutes les graines que ça fait, ça se ressème sans arrêt ! ». C'est sa mère qui les avait plantés dans un but décoratif. Il faut dire que la plante remplit son espace quand elle se développe. Le bleu-violacé des feuilles est déjà du plus bel effet, mais lorsque les fleurs apparaissent, c'est en formant de magnifiques bouquets constitués de dizaines de petites fleurs blanche.
Devant ma surprise, il me propose de passer par chez lui pour prendre quelques feuilles et ainsi ne pas enfreindre la loi. Il m'explique que le chou marin est une plante vivace et que les premières pousses sont apparues il y a moins d'un mois, sorties des racines des années précédentes dont il ne restait que les moignons. Leurs plus grandes feuilles font actuellement un peu moins de vingt centimètres, mais elles ont déjà de belles côtes charnues. Sur certains pieds, on commence même à voir apparaître les premières boules de boutons floraux, encore toutes menues.
J'hésite et finalement ne prend que trois rosettes. Nous continuons à papoter et parlons aussi de l'ail à trois angles, de la bette maritime et de bien d'autres plantes des bords de mer. Alors que nous nous quittons, Didier me colle une dizaine de rosettes supplémentaire dans les bras. Je lui promet un petit mot dans mon blog mais il ne veut pas être pris en photo. Il me promet quand même qu'il essaiera lui aussi de déguster ce chou qu'il n'avait jamais envisagé du point de vue culinaire.
De mon côté, ne connaissant pas du tout la plante, j'ai commencé par blanchir les feuilles 5 petites minutes, histoire de les déguster nature. Même si du point de vue botanique, la plante est d'un genre différent des choux, elle est de la même famille et ça se sent. En bouche, on trouve en plus un goût que certains pourraient qualifier de « noisette », bien que cela ne soit pas tout à fait ça. A ce stade de développement, les côtes sont tendres, pas fibreuses et légèrement croquantes. Avec un peu de vinaigrette et de la fleur de sel, ou simplement de la mayonnaise, c'est un régal.
Merci Didier !
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