Utiliser les plantes sauvages en cuisine, c'est souvent faire connaissance avec de nouvelles saveurs, c'est aussi découvrir des textures parfois surprenantes, c'est toujours explorer la variété de ce que nous offre la nature.
C'est ainsi que la vue de quelques jeunes pousses de prèles (equisetum) m'ont donné envie d'essayer cette plante que je n'avais pas encore goûtée. Certains la connaissent pour ses propriétés médicinales (consommée principalement en poudre ou en infusion), pour sa forte teneur en silice qui lui vaut d'être utilisée comme abrasif doux ou encore pour ses propriétés fongicides (purin de prêle).
En ce moment, on peut trouver simultanément deux type de tiges : les fertiles et les stériles.
Les tiges fertiles, dénuées de chlorophylle (d'où une couleur blanc-paille), sont munies d'une sorte d'épis que la plante utilise pour produire des spores de couleurs verte. Du côté de chez moi, elles sont plutôt sur le déclin, laissant la place au second type de tiges.
Les tiges stériles sont elles dotées de chlorophylle (d'où leur couleur verte). Sur celles-ci vont apparaître rapidement des couronnes de rameaux très fins. En ce moment, ceux-ci sont presque inexistants, donnant à la plante l'aspect de queues de rat plantées dans le sol.
Les deux ont été consommées ou le sont encore dans certains pays (Japon en particulier). L'abandon progressif de leur usage alimentaire est probablement dû à la thiaminase que la prêle contient (plus ou moins selon les espèces) : consommée en trop grande quantité, cette enzyme provoque des carences en vitamine B1. De mon côté, sachant que la quantité que j'allais consommer était ridicule, la curiosité a été la plus forte.
J'ai donc cueilli à la fois des épis pas trop avancés et de très jeunes tiges, histoire de pouvoir comparer les deux.
Une chose est certaine, les épis fertiles sont beaucoup plus pratiques à préparer : il suffit de couper la tige à leur base, puis de bien les laver. Ce n'est pas le cas des tiges stériles, qu'il faut débarrasser d'une première couche très dure (probablement à cause de la silice). C'est beaucoup de boulot ! Dessous se trouve une partie plus claire, presque blanche, c'est elle de j'ai utilisé en segments.
Epis et segments ont été blanchies 3 minutes dans de l'eau bouillante salée, puis bien égouttés avant d'accompagner quelques cubes de dinde sautés avec des boutons d'ail des ours.
La saveur de la prêle m'a un peu fait penser aux épinard. Les épis, probablement trop avancés étaient presque spongieux, mais les segments avaient un croquant très intéressant. Je crois bien que j'en referai l'an prochain, en cherchant cette fois-ci les épis les plus jeunes possibles.
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